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MEROUANE BERGHOUTI, LA PAIX AUX TROUSSES.

Portait du successeur prisonnier... - 2ème Partie -

mercredi 6 décembre 2006, par populiscoop

L’homme accusé, non pas directement d’actes terroristes mais de commanditaire de ces derniers, est un dirigeant qui n’a pas ménagé ses efforts en matière d’autoprotection. La méthode comparable à celles dont ont fait usage de Fidel Castro et Yasser Arafat, afin d’échapper aux redoutables agents de la CIA pour l’un et du Mossad pour l’autre. L’imprévisibilité des déplacements surtout et la non-sédentarisation ont permis au premier dirigeant de l’OLP d’échapper aux traquenards et à toutes visées qui l’ont ciblé pendant des décennies.

Tous les dirigeants de son rang qui n’ont pas adopté des règles strictes de clandestinité, comme Abou Nidhal (abattu à Tunis par un groupe d’agents secrets du Mossad dont un s’est même offert le privilège de filmer l’opération), ont trouvé leurs jours comptés.

Quelques 5000 palestiniens sont faits prisonniers en Israël dont beaucoup depuis des années. Entre femmes, enfants et malades ils représentent environ 40% de cet effectif que l’humanité délaisse. On entend davantage parler de Gilad Shalit, un caporal-chef de Tsahal, pris les armes à la main et en opération dans un véhicule militaire, par les combattants islamistes palestiniens, que les milliers de relégués palestiniens sans aucuns jugements.

Parmi cette dizaine de milliers de séquestrés sans recours, Merwane Barghouti. Dès la mort du premier leader, il était vu à la tête du FATH, de l’OLP et même de l’Etat embryonnaire et sans indépendance que le peuple palestinien tente de créer, dans un tumulte régional et un passage de l’histoire où l’improbable prime sur le rationnel.

L’homme a le parcours du militant type et du citoyen modèle d’une patrie aux territoires morcelés, aux confins aléatoires et aux ressources, surtout provenant de l’aide internationale ou simplement les droits de douane revenant à l’administration palestinienne, sont contrôlées par l’occupant. Ayant rejoint très jeune les rangs du parti de Arafat, pendant sa solide formation d’ingénieur polytechnicien croisée à une autre de droit internationale et professeur à l’université de sciences politiques de Bir Zeit, il connut dès son enfance toutes les étapes que traversa son peuple.

L’homme est actuellement le plus populaire dirigeant de la galère collective imposée à ce peuple. A la fois brillant cadre, exemplaire de modestie et de présence dans l’organisation de la lutte de son peuple, il a été plébiscité, très populaire, par un récent sondage de la communauté palestinienne des camps de réfugiés au Liban où logiquement un non moindre leader devait l’emporter : Khaled Mesh’Al.

Lors des candidatures au sein du FATAH aux élections qui intronisèrent Mahmoud Abbas à la tête de l’Etat après la mort de l’ingénieur électricien Yasser Arafat dans un hôpital français, il choisit de ne pas se présenter. Tous les sondages lui donnait le double des voix de celles recueillies par l’actuel président. Déjà qu’il n’était pas libre et il sait que le vieux routier est un fidèle à une paix équitable, basée sur la continuité de la lutte légitime et la reconnaissance du fait accompli, l’existence d’un voisin encombrant mais humainement admissible.

D’après toutes les opinions faites de ce monsieur, il est toujours le plus apte au dialogue avec l’ennemi avec un brin léger d’être moins rôdé aux rouages de gestion et de l’action externe en diplomatie que Mahmoud Abbas a beaucoup maniés.

Condamné 5 fois à perpétuité par un tribunal civil, il croupit dans la prison ultrasécurisée de Hadarim à Barsheeba qui, selon la gauche du Rakah communiste et les mouvements de paix israéliens fourmillants, le fait d’être en prison, le sauve d’être certainement assassiné comme son compagnon Rami Kaed.

D’ailleurs même de derrière les barreaux, sa présence étonnamment de son unique personne, Marwan Barghouti est incontournable sur la scène politique porteuse d’espérance et de réels signes de cohabitation et de bon voisinage des 2 peuples. C’est même une chance unique dans l’espèce rare attachée à la paix.

Il est l’auteur d’un document, sorti de sa cellule, encore sous cape que l’arcane impérialiste primaire, des USA bien sûr, occulte. Le protocole associe Fatah et Hamas, sous forme d’appel, et préconise la reconnaissance de l’Etat d’Israël. Cet aveu tacitement accepté de la majorité politique qui coexiste et partage actuellement les principaux éléments de l’autorité palestinienne, est primordial pour la paix au proche orient, zone faisant la principale préoccupation du monde.

La reconnaissance de l’Etat hébreu ne fait pas unanimité à s’y méprendre, car les peuples ne sont pas toujours à l’image des responsables qui les représentent. En 2005 un sondage au niveau de l’Europe, rapporta que 57% des questionnés considèrent Israël comme un danger pour l’humanité. Et l’on peut s’imaginer à partir de ce paramètre européen, à la mémoire marquée des méfaits de la deuxième guerre dont les déportations de France dans toute la Choa sont une t che noire, quel résultat aurait un tel sondage dans les pays arabes d’abord et plus largement dans le reste du monde.

Marwan trouve le compromis ayant pour base les frontières de 1967, avec satisfaction d’un côté le Hamas et de l’autre des israéliens attachés à la paix définitive, et il le rédige. On parle de ce document dans les cercles avisés comme la diplomatie française de droite, comme une prouesse mérite d’être sue et mise au devant des propositions susceptibles d’atténuer les tensions puis de créer les conditions qui mènent à la paix. Mais on s’est vite détourné, sous la pression d’Israël. Or tous les experts disent que l’avenir unique, juste et équitable.

Bonhomie rondouillarde, la carrure à hauteur de 3 pommes comme son prédécesseur Arafat et plus populaire que quiconque, Barghouti avant d’être expulsé de Jordanie, il a séjourné dans les prisons sionistes. Homme assidu, il y profita pendant ce premier emprisonnement d’apprendre l’hébreu. Sa popularité en Cisjordanie, fief de toutes les tendances, est indiscutable avec sa participation.

Son charisme, il l’a acquis lors de la première et la deuxième Intifadad, où il s’est risqué sur l’esplanade des mosquées, en 2000 lors de la visite de Sharon. Parmi les premiers et farouches dénonciateurs de la corruption, il est considéré le dirigeant du groupuscule dissident du Fatah, les martyrs d’Al-Aqsa. On lui doit la franchise, comme le socle de la lutte de son peuple : « El-Intifdah a 2 jambes : l’action armée et la négociation. »

Dans son ensemble la population palestinienne aspire à la paix pour que cesse le malheur qui la frappe depuis un demi siècle. L’aide que peut apporter Marwan Barghouti à Mahmoud Abbas, consiste à associer le Hamas à tout processus sur lequel s’accordent d’abord les 2 parties en conflit. Il est le seul homme à avoir une autorité d’écoute et une influence crédible avec le mouvement islamiste palestinien qui refuse de reconnaître Israël.

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