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Le félon traitement du décès de l’islamologue Mohamed Arkoun par les autorités algériennes.

Le philosophe de l’islamologie comparée, reste le réformiste à la pointe de la pensée dont a besoin l’islam.

dimanche 19 septembre 2010, par Rebel Kazimir

L’érudit Mohamed Arkoun, décédé le 14 septembre 2010, est devenu le personnage central de la rentrée sociale algérienne. Parce que le traitement des autorités de son pays à sa mort ainsi que la volonté de son épouse de vouloir l’enterrer au Maroc d’où elle est originaire, laissent une trainée impudique, nauséabonde, surannée et morne €¦

En envoyant un vice-consul lors de l’hommage qui a été rendu à Paris, le 17 septembre, par nombreuses personnalités et diplomates internationaux, à cette éminence a rappelé aux algériens et à toute l’intelligentsia du pays, les moult exclusions et tortures de poètes, d’acteurs important du savoir et de militants exemplaires pour leur sincérité. Un choc qui résonne dans l’ensemble du pays, car l’islamologue jouit d’une grande renommée parmi aussi bien le petit peuple que les élites de plusieurs cercles.

Son œuvre, avec les troubles du « fascislamisme », a été la plus consultée ces dernières années en Algérie. Alors que dès 1969, elle fut une découverte universelle quand il traduit les travaux du philosophe perse Ibn Miskawayh « Tahdhib al-Ahlaq wa Tathir al-Araq » dont l’ancienneté date du premier millénaire et est fondatrice du courant humaniste musulman.


Village d' Arkoun son école et "Awsaf"
envoyé par tabeche_mohamed. - Anniversaire, mariage, premiers pas en vidéo.

Les mobilisations de ministres et même de délégations faites lors de la mort d’un sinistre et polygame chef de « Zaouïa » et autres circonstances de la perte d’un ancien d’Etat, connu pour la corruption qu’il a multiplié, de son épouse… Ont été remémorées par l’opinion, car Arkoun sort complètement de toutes les arcanes. Un vrai électron libre dans la pensée la plus pointue et dont son pays a grandement besoin. L’acclimatation de la révélation rapportée par le prophète qui a le même prénom que lui, avec les valeurs universelles véhiculées par les populations occidentales ou bien l’inverse, le contact de ces dernières avec la religion musulmane, sont les deux faces de sa philosophe largement ancrée dans la trajectoire humaine.

Réformiste de l’islam comme aucun auteur n’a pu l’être de part son influence quasi universelle et particulièrement dans les milieux de recherches universitaires et de critiques, il lui est attribué d’être le porteur du langage et du discours moderne dans l’islam contemporain.

Né en 1928 à Taourirt-Mimoun (Ath Yenni), un village kabyle d’Algérie qui est aussi celui du grand écrivain Mouloud Mameri. Il a vécut dans une famille nombreuse et très pauvre. Ce qui ne l’empêcha pas de faire des études primaires dans son village natal, puis secondaires à Oran. Ensuite il accède à la chaire philosophie auprès de la Faculté de littérature de l’université d’Alger puis les continua à la Sorbonne à Paris. Il y est agrégé en langue et en littérature arabes en 1956 et docteur en philosophie en 1968.

Laïc convaincu, il reste critique envers cette création idéologique qui se perçoit avec justesse pour les institutions mais est en deçà d’une exploration de certaines valeurs de l’islam éclairé qu’il a vulgarisé selon ses recherches historiques. Md. Arkoun pense en effet que sans l’appréhension des particularités des sociétés islamiques, le projet laïque n’a pas de sens pour les dites sociétés. Comme il croit que la laïcité est exportable mais son histoire et ses formes ne le peuvent l’être, du fait de sa transposition dans d’autres réalités sociologiques.

Ce pendant il revendique ouvertement une « subversion » de la pensée islamique, qui lui permettrait de rejoindre le monde moderne et la laïcité : « Rien ne se fera sans une subversion des systèmes de pensée religieuse anciens et des idéologies de combat qui les confortent, les réactivent et les relaient. Actuellement, toute intervention subversive est doublement censurée : censure officielle par les États et censure des mouvements islamistes. Dans les deux cas, la pensée moderne et ses acquis scientifiques sont rejetés ou, au mieux, marginalisés. L’enseignement de la religion, l’islam à l’exclusion des autres, est sous la dépendance de l’orthodoxie fondamentaliste. » Ce qui montre qu’il a une conscience aiguisée du poids de l’intégrisme.

En matière de dialogue entre les cultures et les religions, outre que son œuvre s’inspire d’anthropologies existantes comme l’anthropologie appliquée de Roger Bastide, et aussi le rationalisme appliqué de Gaston Bachelard. Comme il puise sa pensée du courant philosophique qui prône la critique sur le sillage de Kant, de Bachelard et de Michel Foucault. Et il a partagé nombreux ouvrages avec des intellectuels des deux confessions, comme le montre notre présentation succincte de son œuvre.

LA FAUSSE RAISON

invoquée par certains médias algériens quant à l’enterrement de Mohamed Arkoun au Maroc. Car simplement extraite de l’un de ses ouvrages.

C’est vers 1952 que Mohamed Arkoun a juré de ne plus retourner au village Taourirt Mimoon et il a tenu parole !

Il est mort en exilé de son village qu’il adorait.

Dans ses dernières conférences, il se disait toujours natif de Taourirt Mimoon et non de la commune de Ath Yanni (Beni Yenni)

Au début des années 50, il s’est retrouvé dans la djem a pour parler des problèmes de la femme kabyle.

Il tenait un discours vigoureux où il dénonçait les conditions injustes et "inhumaines"
Voilà qu’en pleine intervention, il reçut une gifle du père de Mouloud Mammeri.
Le lendemain matin, Mohamed Arkoun prit le car de Tizi-Ouzou et depuis plus personne ne l’a revu dans le village.

Il n’est même pas allé à l’enterrement de sa mère.

Dans son livre "humanisme et islam", où il parle de cet événement funeste pour lui, (sans évoquer la gifle), en ajoutant que le père de Mouloud Mammeri, qui était l’Amin du village, lui a déclaré à ce moment-là, en brandissant sa canne en signe de menace : « comment as-tu pu t’autoriser à prendre la parole devant la3arch des ben-yenni (...) ?

Ne sais-tu pas que si quelqu’un doit prendre la parole en kabyle,

Il revient à daddak salem (lui-même) de le faire,

Et s’il faut la prendre en arabe, il revient à daddak lwannas (son frère) de le faire
Et si enfin quelqu’un doit s’exprimer en français, seul daddak al-mulud (Mouloud Mammeri) peut le faire !

En fait Mohamed Arkoun était le premier punk dans l’islam des A3arouch, il était moderne et il l’a payé.

Sous la direction de M. Arkoun, L’islam et les musulmans en France depuis le Moyen ge jusqu’à nos jours, Albin Michel 2006

 Humanisme et Islam. Combats et propositions, 2 ème éd. Vrin 2006

 Deux Epîtres de Miskawayh, édition critique, B.E.O, Damas, 1961

 Aspects de la pensée islamique classique, IPN, Paris 1963 ;

 L’humanisme arabe au IV/X siècle, 1°éd. J.Vrin, Paris 1970 ; 3°éd. 2005 ; trad. arabe : Naz‘at Al-ansana fî-l-fikr al-‘arabî, D r al-S qî, Beyrouth 1996.

 Traité d’Ethique, Trad., introd.et notes du Tahdhîb al-akhl q de Miskawayh, 1e éd.1969 ; 2e éd.1988 ;

 Essais sur la pensée islamique, 1e éd. Maisonneuve & Larose, Paris 1973 ; 2e éd. 1984 ;

 La Pensée arabe, 1e éd. P.U.F., Paris 1975 ; 6e éd. 2005 ; Trad. en arabe, anglais, espagnol, suédois, italien ;

 L’islam, hier, demain, 1e éd. Buchet-Chastel, Paris 1978 ; 2e éd. 1982 ; trad. arabe, Beyrouth 1983 ;

 L’islam, religion et société, éd. Cerf, Paris 1982 ; version italienne, RAI 1980 ;

 Religion et laïcité : Une approche laïque de l’islam, L’Arbrelle, Centre Thomas More, 1989 ;

 Lectures du Coran, 1e éd. Paris 1982 ; 2e Aleef, Tunis 1991 ;

 Pour une critique de la Raison islamique, Paris 1984 ;

 L’islam, morale et politique, UNESCO-Desclée 1986 ;

 Ouvertures sur l’islam, 1e éd. J. Grancher 1989 ; 3e éd.

 L’islam. Approche critique, 1998 ; en allemand : Der Islam. Annäherung an eine Religion, Palmyra 1999.

 The Unthought in contemporary Islamic Thought, London 2002 ;

 De Manhattan à Bagdad. Au-delà du Bien et du Mal, Desclée De Brouwer 2003.

 Combats pour l’Humanisme en contextes islamiques, Paris 2002

 Penser l’Islam aujourd’hui, paru à Paris en 2008.

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