Accueil > Régions > En France, allons-nous devoir nous déclarer pro-sémite ?
lundi 30 décembre 2013, par
« Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas » André Malraux
Ayant été élevé dans une famille de communistes et de sympathisants communistes, j’ai appris une certaine notion du bien et du mal. Il m’aura fallu du temps, bien entendu, pour comprendre que cette notion, tranchante, était similaire chez ceux qui croyaient en un Dieu unique. Noir ou blanc ; gentil ou méchant ; crétin ou intelligent ; comme si la classe moyenne n’existait pas ! Comme si nous devions impérativement raisonner en mode « binaire » !
Il y a bien longtemps, en lisant « L’Identité de la France », de Fernand Braudel, j’ai compris comment s’est construit ce pays, ses difficultés, sa contradiction structurelle matérialisée notamment par la Loire, ses frontières naturelles et hasardeuses, et la richesse énorme que lui a apporté le mélange de populations de toutes origines, Celtes, Francs, Barbares de tous poils. D’où le titre du 1er chapitre de son livre « Que la France se nomme diversité » .
Il définit aussi les 3 sortes de familles qui sont caractérisées en Angleterre par la famille nucléaire, en Allemagne et dans le monde germanique par la famille souche et en Italie par la famille patriarcale, notant que seule la France présente depuis des siècles ces 3 types de familles sur son sol.
Son travail m’a aussi aidé à aller voir comment l’Etat français s’est comporté à l’égard des juifs et des immigrés, au fils des ans, et pas seulement au XXème siècle.
En premier lieu parlons de Philippe le Bel qui, en 1306, décide l’expulsion des juifs et la spoliation de leurs biens (voir lien
Prenons aussi Louis XIV, le fameux « Roi soleil » et quelques-unes de ses mesures que ne renieraient ni Sarkozy, ni Coppé, ni Valls pour celle-ci :
– 1- « Dès 1666, par souci d’éviter le vagabondage transfrontalier et par défiance pour leur utilisation par certains nobles, notamment, Louis XIV décrète que tous les Bohémiens (aujourd’hui Roms) de sexe masculin doivent être arrêtés et envoyés aux galères sans procès. Par la suite, lors de l’ordonnance du 11 juillet 1682, il confirme et ordonne que tous les Bohémiens m les soient dans toutes les provinces du Royaume où ils vivent, condamnés aux galères à perpétuité, leurs femmes rasées et leurs enfants enfermés dans des hospices. »
Des mesures qui hérisseraient les mêmes pour celle-là :
– 2- « Louis XIV fut moins hostile que ses prédécesseurs aux Juifs. Le début de son règne marque en effet une évolution dans la politique du pouvoir royal vis-à-vis du judaïsme, dans l’esprit de la politique pragmatique de Mazarin : en 1648, les traités de Westphalie attribuent les Trois-Évêchés et l’Alsace à la France et le pouvoir choisit de ne pas exclure les Juifs qui y habitent bien que l’édit de 1394 expulsant les Juifs de France soit encore théoriquement applicable. Le choix est de préférer leur intégration. En 1657, le jeune Louis XIV est reçu solennellement avec son frère à la synagogue de Metz. Au début de son règne personnel, sa politique, peut-être parce que Colbert voit dans les Juifs une population favorisant l’activité économique, permet le développement de la communauté juive lorraine qui croît sensiblement durant son règne. De même, les Juifs portugais, dits Nouveaux Chrétiens, qui vivent à Bordeaux ou dans la région de Bayonne, connaissent une paix relative.
Mais, comme c’est le cas avec les protestants, le roi change de politique en 1685, année de la révocation de l’édit de Nantes, qui est aussi une année noire pour les Juifs. Huit d’entre eux sont brûlés vifs à Toulouse et le Code noir publié par le roi décrète dans son premier article l’expulsion des Juifs des Antilles françaises. »
Ensuite les persécutions ont continué, contre les uns et les autres, au fil des famines, des guerres, des révolutions, jusqu’à ce que, l’affaire Dreyfus d’abord, mobilisant Emile Zola, taille en pièces un prétendu procès, et surtout jusqu’à ce que, durant la 2ème guerre mondiale des gens, de simples citoyens, se soient mobilisés pour sauver ceux pourchassés, au risque de leur propre vie. Je vais revenir sur ce sujet ultérieurement.
La première question qui se pose à moi depuis 2 décennies est : Comment mon pays, devenu tolérant et accueillant au fil des siècles, construit sur la différence et la diversité en gardant des bases républicaines et morales communes, peut-il avoir comme représentants des gens qui ne véhiculent pas ces valeurs ?
Et la 1ère réflexion qui me vient à l’esprit est celle-ci : Coppé, Valls, Sarkozy sont–ils français ?
Bien sûr qu’ils le sont, et autant que moi ! Ils disposent entre autres de par leur naissance en France de ce droit inaliénable à être français, même si leurs parents ou grands-parents ne le sont pas tous.
Moi aussi je le suis, ni plus ni moins qu’eux, étant même ce que des extrémistes appellent un français de souche car en remontant jusqu’à 1600 il n’y a aucun immigré (connu) dans mon arbre généalogique.
Par contre une chose me différencie de ces 3 personnages, mon attachement indéfectible au « Droit du sol », notion qui me différencie des allemands en particulier et de la barbarie en général. Alors je m’interroge : les parents de ces gens, provenant de pays à structure familiale différente et monolithique, de pays où seul a régné le droit du sang, ont-ils bien intégré ce que nous sommes, ont-ils bien compris qu’ils étaient entrés « dans un autre monde » ? Et ont-ils, en cascade, éduqué leurs descendants pour leur faire comprendre cette différence fondamentale, celle qui fait de nous des français, porteurs de l’histoire de la France, de ses erreurs et ses réussites ?
Je ne le crois pas. Boris Vian chantait bien « j’ai l’ me slave », et il savait de quoi il parlait ! Je le crois d’autant moins que ces gens issus de « venus d’ailleurs » devraient accepter que d’autres les suivent, les rejoignent, les concurrencent, au lieu de vouloir transformer notre terre d’accueil en forteresse ringarde.
La seconde question qui se pose à moi est liée à cette phrase de Malraux, prédicateur de mauvais augure : « Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas »
Durant mon enfance nous avions un seul poste de télévision qui énonçait « la voix de son maître » et hérissait au plus haut point mon père et mon grand-père ; désormais nous avons des dizaines de postes qui nonnent en chœur les mêmes messages de propagande stéréotypée. Plus besoin de service d’information aux armées, la presse relaye les informations les plus lamentables ou délirantes comme « le viagra distribué par Kadhafi à ses troupes », « les 500 chars assiégeant Benghazi ». Le journaliste n’est plus un individu curieux de la vérité de l’information et du sérieux de ses sources, il se transforme même en juge, psychanalyste, procureur.
A ce niveau certains journalistes sont plus zélés que les autres :
Inutile de chercher une multitude d’exemples, prenons l’incident au cours duquel monsieur Patrick Cohen a failli à sa fonction de journaliste et « fonctionnaire », puisqu’il travaille pour des services d’Etat :
– Extrait de la biographie de P.Cohen sur Wikipédia : En mars 2013, une polémique éclate à la suite d’un débat avec Frédéric Taddeï au cours de l’émission C à vous sur France 5. Patrick Cohen reproche à l’animateur de Ce soir (ou jamais !) de donner la parole à ce qu’il considère comme des « cerveaux malades » citant au passage quatre noms : Tariq Ramadan, Dieudonné, Alain Soral et Marc-Édouard Nabe. Ses propos ont été repris par de nombreux médias, Daniel Schneidermann parlant même de « contrevenance à un dogme » pour analyser cette « liste noire » et juge que ces pratiques sont une « faute professionnelle » d’autant plus « pour un journaliste payé par le contribuable ». Patrick Mandon, commentant la polémique, avance « le second métier de M. Cohen serait plutôt censeur des ondes officielles d’État ».
A quand une sanction pour cette faute professionnelle ? … Enfin si ce "journaliste" n’est pas protégé par un quelconque groupe de pression. Parce que je ne crois pas que la formation de journaliste donne une quelconque compétence en matière de diagnostic médical.
Nous allons à grands pas vers un totalitarisme, celui de la pensée unique, dans lequel celui qui ne pense pas comme on le lui dit (le pouvoir) ne peut-être qu’un dangereux opposant. Alors parlons clair, je suis hermétique à l’humour de Dieudonné, comme à celui de Bigard, je n’irai pas payer pour voir leurs spectacles et quand ils passent à la télévision (enfin pour l’un des deux puisque l’autre y est banni depuis 2003 et une formule choc « Heil Israël ») je change de chaîne. Je fais pareil quand on nous impose les élucubrations de Sarkozy, de Valls, de Coppé, tous en grande difficulté quand il s’agit de tenir un cap républicain et de défendre l’identité de mon pays.
J’ai écrit plus haut que je reviendrai sur le sujet des gens qui ont caché des juifs durant la 2ème guerre mondiale. En accédant aux archives familiales j’ai découvert des documents étonnants, notamment celui que je joins (intitulé attestation), attestant que mes grands-parents, mon père, mon oncle et ma tante avaient caché des juifs durant cette période. J’ai aussi découvert beaucoup d’autres documents sur la Résistance, documents qui avaient toujours été cachés et sujets toujours tus dans notre famille.
Ne sachant que faire de ceux-ci, j’ai contacté d’abord le Musée de la Résistance du lieu où mon père avait été maquisard dans les Forces Françaises de l’Intérieur et membre du Réseau Buckmaster (en liens avec les services secrets anglais, mon grand-père aussi d’ailleurs, voir liste jointe intitulée Buckmaster et notamment le nombre de morts et déportés), puis dans les Forces Françaises Libres. Le Musée de Lorris (maquis de la forêt d’Orléans) s’est montré particulièrement intéressé, avide de preuves sur cette époque où peu de gens ont laissé des traces.
J’ai aussi contacté l’AJPN (Anonyme, Justes et persécutés durant la Période Nazie) en date du 6 mai 2013, lui transmettant l’attestation mentionnée plus haut et mettant à sa disposition divers documents sur la résistance, souhaitant que cette preuve permette à mes « grands anciens » d’être classés dans la catégorie des Justes.
Cette association m’a répondu le même jour ceci :
« Concernant la médaille des Justes, il faudrait retrouver des témoins attestant avoir été sauvés par votre famille.
La médaille ne peut être demandée que par un juif reconnaissant pour ceux qui l’ont sauvé. Peut-être connaissez-vous les identités de ces personnes afin que nous puissions vous aider dans cette démarche.
Bien cordialement.
Hellen Kaufmann
AJPN (Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie)
111, rue Belleville - F-33000 Bordeaux
Tél. +33.9 51 89 44 87 & +33.6 07 44 87 89 »
Difficile de ne pas en déduire une chose étonnante et choquante : aucun document sur les actes durant la résistance ne pourrait donc être valable pour cette association si ledit document n’émane pas d’un juif ? Si cela n’est pas du révisionnisme, alors c’est quoi le révisionnisme ?
Presse muselée et aux ordres, langage unique, oukases, censure, unicité de la pensée ?
Nous en sommes arrivés là, 70 ans après avoir combattu et battu « la bête immonde », sortie par la grande porte elle est entrée par la fenêtre sous une autre forme ; d’où mon titre en forme de question, sommes-nous condamnés à être soit pro-sémite, soit hors-la –loi ?
Et dans ce cas je propose que ceux qui ne reconnaissent comme capitale ni Berlin ni Tel-Aviv soient obligés de porter un signe distinctif : une Croix de Lorraine, comme le fit mon père ! (voir doc joint photo Gilbert)
PS : pour ceux qui voudraient me traiter d’antisémite, cette chanson, exceptionnelle… http://www.youtube.com/watch?v=ySZBnMukO8g
Pierre Stambul, UJFP
envoyé par Pierre-Stambul. - Rencontrez plus de personnalités du web.
Recommander cette page |
|