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ALGERIE / ZONES DE MONTAGNE ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

Des espaces problématiques pour une gestion efficiente

jeudi 11 mars 2010, par Lyazid Khaber

Fatalité ou faiblesse d’une gestion peu regardante tournée vers le développement des zones rurales dans notre pays, où les zones de montagne €“ particulièrement €“ sont les plus touchées par les aléas du temps souvent à l’origine d’une déchéance économique et sociale des populations qui y vivent ?

La question de l’aménagement des territoires, mais surtout celle d’assurer un développement durables dans ces zones recalées où les commodités de base font souvent défaut, se pose avec acuité au moment où les pouvoirs publics donnent bien l’impression d’y œuvrer en bon connaisseur et planificateur. La gestion de ces espaces (montagneux) est d’autant problématique que ce soit en matière d’administration proprement dite, du territoire, d’investissement économique et/ou d’exploitation des potentialités. Présentant le plus de complexité en la matière, la montagne représente, pour le cas de l’Algérie, une moyenne de 3,66 % de la superficie globale du territoire national, soit 8 millions d’hectares.

L’occasion de la célébration de la journée internationale de la montagne, le 11 décembre dernier, instituée le 30 janvier 2003 par les nations unies (ONU), est célébrée – dans notre pays – par la DGF (Direction générale des Forêts), rappelle bien l’intérêt qui doit être accordé à ces massifs dont l’importance pour le développement d’une nouvelle approche est on ne peut mieux intéressante. En effet, le développement des zones de montagne est devenu depuis quelques années, un sujet prisé des spécialistes qui les présentent comme étant une nouvelle alternative où tous les secteurs relevant du social, économie, hydraulique, tourisme et écologie, trouvent leur comptes ; avec, bien évidemment, des potentialité exploitable à grande valeur ajoutée. Ainsi, la manifestation placée sous le thème de « la sécurité alimentaire dans les montagnes, il est grand temps d’agir », semble bien introduire un nouveau schéma de gestion de ces espaces jusque-là reclus dans l’anonymat et la désuétude.

Selon la DGF c’est là « Une occasion de sensibiliser l’opinion publique à l’importance des montagnes pour la vie sur terre, de mettre en lumière les opportunités et les contraintes de leur mise en valeur durable et de créer des partenariats qui apporteront des changements positifs aux montagnes » .

La montagne, entre impératif de développement et préservation

L’importance du développement durable des montagnes, est ainsi soulignée. Mais, que peut-on dire de ces zones aux multiples opportunités et à l’importance capitale quant au développement de nouveaux créneaux d’investissement à même de marier utilité économique et préservation de l’environnement et de l’écosystème ?

C’est là une question qui se pose d’elle-même, car ; l’interconnexion qu’il y a entre les impératifs de développement local et ceux de la préservation pure et simple de l’espace naturel n’est pas à démontrer. Les analystes parlent plutôt d’une relation antagonique qui, au lieu de créer une synergie active des efforts conjugués par les différents acteurs socio-économiques, semble bien opposer les deux finalités qui, en vérité, se complètent. L’absence d’harmonie et le manque d’engagement de la part des collectivités locales ainsi que des autres services des secteurs censés contribuer à l’essor des activités diverses permises à l’intérieur des territoires montagneux – les espaces protégés compris – constitue un handicap majeur pour le développement de ces zones. Pourtant, la création des parc nationaux s’inscrit bien dans cette logique particulière liant préservation du patrimoine naturel et développement d’activités à même de préserver le patrimoine culturel local. Ce volet permet à ceux-ci (les parcs nationaux) d’être des supports pratiques aux activités scientifiques, pédagogiques, de sensibilisation, d’initiation et de découverte de la nature et des richesses qu’elle renferme.

Cela fait que tous les secteurs et autres acteurs sociaux doivent converger sur cet impératif qui est de contribuer à toute activité initiée par le parc. Sur ce, un document en notre possession, établi il y a quelques années, par des techniciens du parc national du Djurdjura, suggère la création d’un organe de coordination et d’orientation des activités des secteurs intervenant à l’intérieur et/ou dans les zones environnantes du parc. Un ensemble géographique qui peut bien jouer le rôle de vecteur économique enrichissant, surtout en ces temps de disette où les cours internationaux des denrées alimentaires vont crescendo. Les difficultés, au demeurant particulières, que rencontrent les populations montagnardes pour se procurer la nourriture adéquate se pose désormais avec acuité. C’est sur ce point que la célébration de cette année s’est focalisée, arguant du fait qu’ « Actuellement, avec l’augmentation des prix des denrées alimentaires dans le monde et les coûts accrus du transport vers les zones reculées, les communautés montagnardes sont contraintes de payer leur nourriture beaucoup plus cher » . Or, l’impératif de développement de ces zones est beaucoup plus important que la demande accrue ne cesse de s’y faire sentir. L’approche globale et globalisante démontre amplement que cet impératif offre un éventail de perspectives notamment de lutte contre les insuffisances constatée et par la suite, le développement de nouveaux circuit de production et de création de richesses à même de permettre la fixation des populations rurales dans leurs milieux de vie.

Erosion des sols, cet autre écueil

Sur ce, le volet agricole à développer sur place, ne manque pas de poser de sérieuses problématiques. Car, comme il a été bien souligné par la DGF et la FAO, la perte de plus en plus substantielle du sol – un capital irremplaçable – semble bien constituer une hypothèque sérieuse quant à l’avenir des zone rurales. Ainsi, abordant le fait de l’érosion des sols, phénomène récurent et non moins dangereux pour l’avenir de ces zones, l’on annonce pour l’Algérie une menace pesante d’érosion sur pas moins de 12 millions d’hectares situés en zone de montagne. 7 millions d’hectares, selon les chiffres de la DGF, sont déjà gravement atteints. A Bouira, l’une des wilaya du pays où l’on compte un nombre proportionnellement important des populations établies en zones montagneuses, la plus grande perte en matière d’érosion des sols ajoutée à la désertification, est enregistrée, particulièrement, au niveau de la zone sud (Hauts Plateaux).

Face à cette situation, les pouvoirs publics ont certes entrepris des démarches à même de tracer un cadre stratégique de prise en charge des préoccupations de ces populations montagnardes, mais aussi pouvoir lutter de manière efficace contre ces phénomènes (érosion et désertification), entre autre initiation de projets de reboisement, arboriculture fruitière, amélioration pastorale…, mais sans que les résultats ne soient fiables et concluants.

Le manque de coordination avec les populations locales en est à l’origine de l’échec consommé notamment dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de modernisation, de l’occupation et d’exploitation des espaces steppiques. Ainsi et depuis quelques années, le phénomène des pertes du sol s’est proportionnellement aggravé, touchant certains territoires jusque-là épargnés. Le paysage offert est plutôt apocalyptique, avec des versants de monticules qui se dénudent en s’offrant à l’action destructrice de l’eau et du vent. Par conséquent, de vastes étendues de terres arables se trouvent complètement emportées dans les ravins engendrant par la là ce qui est advenu d’appeler l’envasement des ouvrages hydrauliques souvent réalisés à coût de milliards de Dinars.

Les statistiques établies à l’échelle nationale portent le niveau d’envasement de la capacité des barrages en exploitation à 11,2 %, à laquelle s’ajoute, selon les chiffres de la DGF, quelques 120 millions de tonnes de terres arrachées annuellement, ce qui, à l’échelle planétaire, cause la perte de 25 millions de tonnes de sol, engendrant une diminution de la productivité des terres agricoles. D’autre part, et comme un malheur ne vient jamais seul, cette situation de perte effrénée des sols se trouve accentuée par le phénomène de déboisement qui atteint des proportions énormes. Le couvert forestier de la wilaya de Bouira estimé à plus de 112 000 ha, couvrant les massifs du Djurdjura, l’Atlas Blidéen, les Bibans et le Titteri-Hodna, connaît de fortes dégradations ces dernières années. Les incendies de forêts, les coupes illicites, les défrichements, en sont les causes récurrentes.
Des effets que les pouvoirs publics tentent de mettre hors d’état de nuire avec en prime, la mobilisation d’une diversité de programmes à l’instar du plan national de reboisement, programme des Hauts Plateaux, Projets de proximités de développement rural, Projet d’emploi rural (PER II) ainsi que les différents travaux d’utilité publique. Des efforts qui prennent certes un seul volet de lutte, mais qui, en soubassement entreprennent une dynamique de développement des milieux ruraux et de montagne pour qui la protection du patrimoine foncier exige autant d’efforts pour un aménagement rationnel du territoire et un développement durable assuré.

Sur ce sujet, et suite à des rencontres de travail réalisée depuis le début de l’année entre les populations de montagne de plus de 40 pays, l’APMM (Association des Populations des Montagnes du Monde), présidée par Jean LASSALLE, il a été établi que « la mondialisation économique et une approche spécifique de conservation des milieux montagnards ne prenant pas en compte les problèmes de développement des femmes et des hommes qui y vivent, ont considérablement fragilisé les populations des montagnes partout dans le monde alors qu’elles représentent près d’un milliard d’êtres humains et occupent 35% de la superficie des continents ». Un constat qui rappelle bien, pour le cas spécifique des populations montagnardes de notre pays, que la politique de développement rural doit être impérativement articulée autours des objectifs majeurs de développement de l’économie, seul palliatifs à la dégradation sans cesse grandissante des conditions de vie de ces populations. La lutte contre l’érosion des sols et la préservation du milieu naturel de ces populations en est un impératif qui soit un pas énorme vers la création d’investissements adaptés et la génération de richesses durables à même de permettre la fixation de ces populations sur place et éviter la saignée engendrée par l’exode rurale.

Lyazid Khaber

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