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La cruauté de l’oublie

Hommage à Mohamed Boudiaf, ex Président algérien assassiné le 29 juin par un militaire de sa garde.

vendredi 24 juin 2011, par Boudiaf Nacer

Il y a dix huit ans, le 16 janvier 1992, Mohamed Boudiaf repondit, encore une fois, a l’appel du pays. Il abondonna sa paisible vie a kenitra au maroc pour venir seul, faire face au feu qui l’attendait quelques mois plus tard, un certain 29 juin 1992, au carrefour d’un « acte isole » dans le dos.

Combien se rappellent-ils encore de Mohamed Boudiaf ? Peu, tres peu d’amis daignent encore venir au cimetiere d’El-Alia, les 16 janvier et le 29 juin pour lutter contre l’oubli ou l’amnesie.

L’oubli ou l’amnésie est dans ce cas precis plus cruel que la mort.

Mais une memoire saine et sincere n’oublie jamais. N’y a t’il plus de memoire saine chez nous ? Le samedi 16 janvier 2010, ceux qui viendront a El-Alia auront une idee precise de notre saine et sincere memoire.

L’oubli de Boudiaf et de son sacrifice a pris la forme d’ingratitude. Et comme dit Victor-Hugo . « La supreme bassesse de la flatterie, c’est d’encourager l’ingratitude » . Si Boudiaf a fini comme Dieu le lui a voulu, ce n’est certainement pas pour lui mais pour nous, temoins de son grand sacrifice. En effet comme le dit Goethe, « ceux qui ont decouvert au peuple leurs sentiments et leurs vues, ont ete de tout temps crucifies et brules » . Pour qui et pourquoi Boudiaf est-il revenu et s’est sacrifié ? Pour le pouvoir ? Pour s’enrichir ? Pour sa famille ?

Il est certain que l’assassin materiel de Boudiaf lui a tire, dans le dos et peut-etre meme de face pour se debarrasser de lui physiquement. Mais ceux qui l’oublient aujourd’hui, pire ceux qui font semblant de l’oublier, commentent également un crime vis-a-vis de la memoire du peuple, en tombant alors dans la cruaute de l’oublie.

Oublier un homme comme Boudiaf, participe au mensonge car comme dit Albert Camus : « La verite et comme la lumiere ; elle aveugle. Le mensonge, au contraire, est un beau crepuscule qui met chaque objet en valeur. »D’atrocite en atrocite, son parcours infernal qui a commence dans les annees quarante l’a souvent mis en face de la lachete qui l’accuse maintenant de dictateur. Est-ce la meilleure facon de ne pas oublier Boudiaf ?

Pourquoi ne pas rappeller au peuple que Boudiaf a ete le premier Chef d’Etat algerien a definir la personnalite de l’Algerien dans sa triptyque : Amazighite, Islamite et Arabite, alors que pendant des annees on s’efforcait a nous faire avaler que la culture algerienne est seulement arabo-musulmane.

Le traitement reserve a notre embleme national, nos Chouhadas et notre equipe nationale de football par “nos freres” egyptiens est venu opportunement pour nous pousser a redefinir nos marques sur ce plan et sur d’autre.

Garder de Boudiaf le nom d’un aeroport, d’une salle omnisport est une tombe que quelques uns visitent deux fois par an, serait reduire l’histoire de notre pays a sa plus simple expression.

Enfin il serait tentant de conclure cette contribution comme l’a dit un poète anonyme :

Mohamed et ton nom et celui du prophète :

Où va l’Algerie ? est une vraie devinette !

NACER BOUDIAF

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