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Marché dérégulé

mardi 14 septembre 2010

C’est à rien y comprendre. Et là, entre deux cuisses de poulet rôti, deux mondes s’affrontent, deux temps, deux pays, deux horizons.

Au marché, à l’étalage des poulets rôtis, une vieille française grogne, elle s’est faite agresser quatre fois.

Le pauvre vendeur, lui, n’en a cure, mais il lui vend tout de même sa volaille, l’air de rien. Il est dans sa bulle, lui aussi. Elle continue à l’assaillir de sous-entendus accusateurs.

A coté, une autre vieille ouvre son portefeuille, où s’égrènent les équivalences monétaires de l’euro au franc, du franc à l’euro. D’une génération à une autre, les marchés, le poulet, les fruits restent, pourrissent et renaissent, mais les ges, eux, défilent, et les visages aussi. On ne peut critiquer le temps, mais l’adaptation est parfois dure. Entre les générations, les ethnies, les portefeuilles.

Je ne sais jamais quel regard porter sur les vieilles générations, sur les personnes gées, qui critiquent notre génération à nous, neuve, déjà pourrie jusqu’à la moelle et qui n’en peut plus de cette saturation consumériste, d’un avenir incertain, de promesses de sous-emploi, etc et j’en passe. Je me relis et me dis que j’en fais des tonnes.

Nous avons le cul entre deux chaises, m’a un jour dit une prof de cinéma-audiovisuel, la t che ne sera pas facile. Peut-être que l’on va bouffer le pain noir du Nord, des occidentaux paumés face à leurs propres erreurs. On va se coltiner les fruits g tés, la merde à ramasser, la planète à sauver. Les grandes leçons de morale politico-économique sont aisées à donner en temps de crise insolvable, après tout sera à reconstruire, la révolution est moquée et pourtant nous vivons à une époque révoltante.

C’est à rien y comprendre. Et là, entre deux cuisses de poulet rôti, deux mondes s’affrontent, deux temps, deux pays, deux horizons. Quel futur pour une telle relation uniquement construite sur l’échange mercantil et dominical d’une fin de semaine ensoleillée ? Pas grand chose, je le crains. Car encore faudrait-il déjà qu’il y ai un présent.

L’agression est pensée, donc elle existe. Pas la relation humaine.

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