Accueil > International > Grands événements : Gigantisme de l’inattendu. > Syrie : fin de Bashar cèle la dynastie de 50 ans et l’illusion Baâth.
14 années après le printemps arabe : est-ce le pire triomphe des divers engagements ?
mardi 10 décembre 2024, par
Bashar a exilé sept millions de Syriens depuis les révoltes du « printemps arabe » de 2011. L’Allemagne a accueilli un million et un peu plus pour toute l’Europe. Trois millions en Turquie et le reste est disséminé à travers le Monde dont le Liban qui a toujours servi aux réfugiés de la région comme une d’asile. Tous se préparent au retour. Et la diversité ethnique rassure, plus qu’elle inquiète, sur l’avenir.
Ce qui s’est passé, en cette fin mois de novembre 2024, en Syrie, est un programme attendu. Depuis 2011 que l’opposition est en guerre contre le régime le plus cruel des pays de la région -du Moyen-Orient- qui résistait pour se maintenir. Les observateurs estimaient la pertinence de l’échec, du pouvoir dynastique de Damas et la détermination des opposants, était perceptible dès le commencement du printemps arabe.
L’opposition syrienne laïque trahie par l’opinion fataliste arabe
Le groupuscule HTS (Hayet Tahrir Syria), qui constitua la majeure partie de Jabhat anNusra (Al-Qaïda) est dirigé par le même homme qui a lancé le front al-Nosra, Al-Jolani. C’est lui qui a conduit la chute de Bashar en cette fin d’année 2024. Cette faction islamiste a coupé les liens avec Al-Qaïda, d’après diverses sources. Elle quête la modération pragmatique pour séduire l’Occident et la Turquie. Mais il s’agit toujours fondamentalement d’un groupe salafiste.
La fin du Baâth des Assad est l’une des conséquences de l’aventure du Hamas, du 7 octobre 2023, qui s’est déclenchée depuis Gaza, offrant l’opportunité à l’État hébreu d’écraser définitivement ses ennemis. La Turquie justifie ses aides aux islamistes qui ont réalisé cette offensive éclaire par le refus de Bashar du retour de 3 millions de citoyens, ceux qui l’ont quitté dès 2011. Erdogan s’est justifié ainsi sur les médias pour ses aides aux révoltés.
Parmi les djihadistes de la chute de Bashar, Getty Image
Les analystes, de nombreux espions, diplomates et responsables de la défense, personnellement impliqués, ou bien via leurs agences et professions, dans les événements tumultueux de l’année écoulée, conviennent qu’Assad était condamné. L’affaiblissement de ses alliés sur le terrain, comme Hamas palestinien et le Hizbollah libanais, est établie. Ils ont été lourdement frappés par Israël qui cherchait à se sécuriser pour son expansion territoriale. La Russie et l’Iran sont très endigués, plus que jamais, ils l’ont été par le passé.
La Russie, en Syrie, croise des islamistes membres l’OTAN : la Turquie.
• Hezbollah : le groupe le plus armé et le plus entraîné pro-Iran a perdu son chef charismatique et puissant. Mort, Hassan Nasrallah, lors d’une frappe aérienne israélienne. L’infrastructure militaire du Hezbollah a été considérablement dégradée. Le groupe libanais a accepté un cessez-le-feu avec Israël le mois dernier dans des conditions extrêmement défavorables.
• Hamas : Israël bombarde la bande de Gaza depuis plus d’un an, détruisant les infrastructures militaires du Hamas et tuant Sinwar et d’innombrables autres hauts responsables militaires.
• Iran : La République islamique a été attaquée directement par Israël pour la première fois et s’est soudainement retrouvée vulnérable après avoir perdu une grande partie de sa capacité de production de missiles et de ses systèmes sophistiqués de défense aérienne.
L’alliance américano-israélienne et avec la participation de l’Ukraine pour contrer la Russie, se sont ligués avec la Turquie pour mettre à genoux un illégitime pouvoir. À chacun sa victoire. La Syrie, délivrée de la dynastie des Assad, parce qu’il y a l’influence turque et l’aide/investissement potentiel de l’Occident, sera différente de celle du demi-siècle passé. Les groupes pourraient être incités à réaliser un système de gouvernance démocratique plus tolérant.
La bataille d’Alep où l’épilogue d’une guerre civile devenue inutile.
C’est aussi un truchement avec tous les conflits du Moyen-Orient qui a permis le retour des islamistes, prétendument sans Daesh, en Syrie. C’est le signe que tous les pays arabo-musulmans sont exposés à la même conflictualité. Elle est due à l’usage d’une religion à l’encontre de ces croyants et à la ligne de coïncidence avec ce qui se passe au Liban et l’accord de paix entre l’état hébreu et le pays du cèdre.
La chute de Damas est, hélas, une conséquence naturelle de l’après-guerre qui a duré une année sur Gaza puis au Liban. Lorsque le fossé entre l’élite syrienne et les gens ordinaires est devenu si catastrophique que tout s’est effondré comme un château de cartes, l’effondrement est inéluctable.
Et quand les classes inférieures ont regardé comment elles s’engraissaient au sommet, ne voulant rien changer, se retrouvent impuissantes pour sauver les meubles. Les événements actuels ne surprennent que par la rapidité de la catastrophe.
Le conflit qui a duré 14 ans en Syrie, a aussi disloqué le pays et ce ne sont pas les rebelles qui ont créé l’exode et les partitions du territoire. Un fruit mûr finit par périr s’il n’est pas utilisé. Et s’il est sur son arbre, il tombe au rythme des saisons. Le pouvoir qui, lors d’une crise, exile le quart de sa population, pour maintenir ses sbires en poste, puis refuse le retour, ne devait que laisser place aux opposants.
Voir en ligne : Syrie & Daesh -ISIS
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