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Une icône de l’Algérie dans l’universalité est partie, son art s’agrandit.

Idir montra au Monde que la Kabylie mélodieuse rassure.

samedi 9 mai 2020, par N.E. Tatem

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Quelque chose est partie de l’identité algérienne, avec le poignant décès du chanteur Idir. Une réplique sonore, un refrain de frôlement et un son résonne en douceur de son âme poétique. Ou bien un timbre vraiment spécifique, qu’est l’empreinte même de sa berbérité inspirée dans moult légendes. Le géologue qu’il était, le père de l’endiablé rythme « Zwitt-Rwitt », avait un ancrage fort à sa terre.

D’emblée, l’aveu qu’il n’est auteur que de quelques albums, leur apporte la majesté d’être des œuvres engagées et concentrées. Comme modèles exemplaires imposant à toute une culture leur génie. Des créations qui accouchent, par une voix qui garde sa suavité mielleuse, la personnalité qu’une communauté apposée à la contrainte de se faire encadrer par l’aliénation, comme un danger d’annihilation.

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Comme nombreux artistes algériens, notamment de la littérature ou bien même de l’art musical tel que le raï oranais, la rampe de lancement, pour l’universalité, est bien sûr la communauté algérienne vivant à l’étranger. Celle qui a toujours su prendre plusieurs nombreuses responsabilités historiques, pour être partie prenant à l’émergence des belles lumières éclairant des sentiers qui cherchent la vérité des torts.

Justement Idir est comme Kateb Yacine, qui, une fois sa pièce théâtrale « Mohamed prend ta valise » parlant de l’immigration a été jouée pour l’affront de l’oubli du peuple de l’exil, elle reçoit en masses son public. Plus d’1 million d’émigrés ont été au théâtre pour contempler le spectacle de l’auteur de Nedjma. Cette communauté vivant à l’étranger interroge aussi par ses « Bledmans » ?

Trépignée par des appellations nauséabondes, du genre « fils de Fafa », formulées par l’esprit décadent, la diaspora par qui furent dandiner les premiers pas du groupe « Raïna-Raï », vécut en couvent et nid pour que les refrains de « Vava-Ounouva » éclosent dans le tintamarre assourdissant du disco et même du funk.

En 2013, il produit Adrar Inu (Ma Montagne) puis en 2017 « Ici et Ailleurs » (en français), c’était la grande manière profondément artistique qui arrive à incruster, par d’inégalées valeurs humanistes, le strictement local et régional adapté à l’immense galaxie de l’universalité. L’homme apporta à l’Algérie, un peu de révolution libératrice et de rémanence émancipatrice, l’appartenance à l’humanité, vérifiant ses rayonnements.

Pour la 1ère fois qu’Idir chanta en Algérie, c’est en 2018 comme pour se remettre, après presque 4 décennies, au serment messager du 100% algérien, en célébrant le nouvel an yenayer. Tout son parcours d’interprète d’un patrimoine multiséculaire est parcouru d’une conscience paisible. Il croisa les militants qui par l’art, s’attachaient aux terroirs menacés par les trusts et les violences obscurantistes, alors que l’Algérie traversait la période sombre, avec son armée, dans la solitude.

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Il est indéniable que ce transporteur de l’identité algérienne, montrait de larges ouvertures. Et sans distanciation aux horizons qui se jugent en assumant ses collaborations, avec divers autres artistes et styles. Si le plus marquant travail a été avec Manu Chao, intitulé A Tulawin (Une Algérienne Debout), les autres réalisations avec Cheb Khaled en 1995 et plusieurs musiciens français et africains, restent de vrais anthologies de son phénomène exprimant « l’unité-différence ».

Il est établi que les échecs du nationalisme dirigiste en Algérie, qui se différencie du patriotisme libérateur, ont glané leur récompense de détruire la dimension berbère des références identitaires. La langue arabe et l’islam ont servi à la propagation d’une « arabité » hégémonique et servant à éradiquer la moindre particularité affichant de ce qui leur est antérieur. L’arabisation est confondue avec l’élargissement de l’utilisation de la langue arabe, présumée pour suite de décolonisation, a rangé le socle des amours.

La perte d’Idir pour son pays prend l’allure de la fin d’une époque. La terminaison pour laquelle il a salué dernièrement les vertus, à la fois paisibles et belliqueuses, de l’insurrection de 2019. Poète de la tolérance, il a modernisé une richesse des mélodies qui existaient chez la femme et la poésie kabyle. Pour l’Afrique du nord, il mit l’Algérie en pivot dans un exil, sans nul doute éclairant de ses bravoures.

Ce gardien de la tradition qui ne cède pas, grâce à son esthétique généalogique sinon familiale, à l’amenuisement dans l’immensité du Monde, a épousé les sons que seule l’oralité conserve et transmet. Il a facilité la compréhension des belles mélodies des révoltes algériennes.

Hamid Cheriet, abreuvé aux contes des grand-mères berbères, a transmis à bien des générations, depuis 1973 qu’il a été vu à la TV et radio algériennes, toute une chaire de l’âme profonde de son peuple. Il y était préparé par ses gènes du revenant…

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