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Leçon de #Tamaroud : révision de la feuille de route du « Printemps Arabe ».

L’armée prête à remplacer Morsi, pour une constitution préalable !

mercredi 3 juillet 2013, par N.E. Tatem

Le mouvement « Tamaroud » est une démonstration qui galvanise une nouvelle donne dans le « Printemps Arabe ». L’Egypte est le second pays, quelques jours après la Tunisie à avoir épouser la désobéissance civile pour démonter la dictature. En effet qu’un président soit installé, aussi bien en Tunisie qu’en Egypte, sans une matrice constitutionnelle préalable pose un réel problème de cohésion. A quel type d’Etat doivent obéir les citoyens ou autres acteurs de la société, celui d’une loi définissant les caractéristiques du pays ou bien aux règles de la chapelle politique du dirigeant ?

LIRE LE communiqué de l’armée égyptienne.

L’ultimatum de l’armée égyptienne donné à la classe politique, présidentielle et de l’opposition, suite aux manifestations du mouvement « Tamaroud » est loin d’être celui d’une junte. La débandade pouvait dégénérer sur l’imprévisible. Au Moyen-Orient la guerre civile du Liban a traumatisé tout le monde arabe. Et bien les consciences particulièrement dans cette région où les peuples font rupture avec les despotismes, le peur de déstabilisation mobilise plus qu’autre aventure incertaine.

C’est Frantz Fanon l’idéologue de la geste indépendantiste algérienne, puisque sa bibliographie renferme de riches et nombreux volumes publiés lors même de la guerre de libération, qui a anticipé dans sa sociologie de : « La malédiction de l’indépendance »  [1] consulter. La désorganisation des sociétés décolonisées pendants la seconde moitié du 20ème siècle, ressuscite les clivages tribaux, régionaux, sectaires, ethniques et confessionnaux, au point de provoquer des partitions de jeunes Etats à la souveraineté acquise et dont la fragilité les expose aux dérives.

L’Egypte à l’instar de nombreuses nations vivent des perturbations liées à l’aspect de leur sécularisation et leur formation « d’Etat homogène ». C’est-à-dire la consolidation institutionnelle et l’équilibre social restent des paramètres nécessaires et incontournables au « vivre ensemble » pour toute communauté humaine. « Tamarod » est un exercice qui redémarre la révolution, après une panne dégradante induite par l’opportunisme théocratique qui exploite la religion pour détourner les fondements sociopolitiques de cet épisode du « Printemps Arabe ». Réparer les dérapages sera plus difficile plus tard !

<doc1086|right> L’armée redoute l’instabilité qui lui demanderait de défendre l’ordre dans le pays et la sécurité des Egyptiens et des EGYPTIENNES. L’institution militaire risque d’être impliquée pour rétablir par la force la paix sociale. Son ultimatum est on ne peut émettre de plus claire : Mercredi 3 juillet, en début d’après-midi, les politiciens égyptiens devaient tourner la page « Tamarod », sinon la constitution sera suspendue et les engagements qui s’en suivent seront mis en branle. Voire copie du texte du communiqué, qui montre que cette institution est décidée.

Si les commentateurs voient un communiqué laconique, loin s’en faut, il souligne clairement : que cette institution n’a pas l’intention de prendre le pouvoir. Mais l’armée a réellement prononcé une « feuille de route » montrant qu’elle était prête à remplacer Morsi. De même de faire un changement radical dans la structure politique délabrée qui a évolué depuis l’automne 2011, après la chute de l’autocrate Hosni Moubarak.

Un geste significatif a été aussi exprimé par l’opposition, maintenant guidée par le Mouvement des jeunes qui est derrière les manifestations. Elle a convenu dans son ensemble que le leader et lauréat du prix Nobel de la paix Mohamed El-Baradei se représentera dans les négociations sur l’avenir politique du pays. Le mouvement est apparu ainsi plus consolidé pour l’objectif de présenter une voix unifiée. L’opposition égyptienne a surmonté la critique répandue, selon laquelle elle a été trop fragmentée pour présenter une alternative aux islamistes.

Le mouvement « Tamaroud » est une démonstration de désobéissance civile, semblable à celle qui a démonté la dictature. Par le passé, les laïcs notamment la gauche n’avaient que l’armée pour être protégés. Des exactions islamistes commises en plusieurs actes terroristes contre les intellectuels et les touristes témoignent...

Morsi est isolé et face à des fissures internes au sein de ses partisans. Trois porte-paroles du gouvernement - deux qui parlaient pour le président Morsi et un qui était avec le Premier ministre Hesham Kandil - ont été les derniers à quitter le bateau. Ces défections de haut niveau sont venues comme retombées de l’ultimatum de l’armée. Cinq ministres, dont le ministre des Affaires étrangères, a démissionné lundi, et sixième, ministre de la Jeunesse El-Amry Farouk, a quitté le gouvernement mardi.

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Voir en ligne : Notre dossier : L’Egypte dans le Printemps Arabe.


[1(1) - In Sociologie de Frantz Fanon, contribution à une anthropologie de la libération. De Philippe Lucas SNED, 1971

     
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