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LA CRISE DE L’ENSEIGNEMENT DU FRANCAIS.

L’expérience tunisienne et l’enrichissement linguistique.

lundi 22 avril 2013

N’est-ce pas un recul étrange qui s’opère dans notre système éducationnel ? Il va falloir tout refaire en vue d’instaurer une politique didactique souple, strictement authentique et d’un profond réalisme, afin de pouvoir concrétiser les objectifs prévus touchant l’amélioration rapide du niveau de notre enseignement. Car sans vouloir dramatiser à l’excès le problème , notre système actuel est dans une impasse ; aucun progrès en matière éducationnelle ne saurait se réaliser sans une refonte générale, pour renouveler le contenu des programmes, en adoptant une nouvelle stratégie méthodologique, susceptible de rendre l’enseignement authentiquement réaliste, répondant à souhait à l’esprit et au milieu socio-culturel de la population scolaire.

Dans le premier cycle de l’enseignement secondaire et professionnel les manuels de lecture ne sont pas conçus suivant une méthode appropriée et rigoureusement adaptable à l’esprit des enfants arabophones. En effet, la plupart des textes qui y sont inclus pêchent soit par une complexité d’une syntaxe parfois inaccessible et touffue, soit par une absence évidente d’un contenu sémantique vivant, susceptible de motiver la réflexion et l’observation de l’apprenant. D’ailleurs il ne sert à rien de faire étalage de tous les textes et ils sont innombrables que j’ai pu relever à ce sujet, puisqu’il suffit d’y jeter un coup d’œil même rapide pour se rendre compte de l’inanité de ces textes.

La lecture du livre ou du manuel ?

D’autre part, ces manuels sont farcis d’images parfois inexploitable et ne stimulent en rien l’imagination de l’élève, qui a besoin déjà de quelque chose de plus intéressant, de plus attrayant et de plus fructueux, plutôt que ces images futiles et d’autres mesquineries dont il ne tire aucun profit évident.

Ce n’est pas tout, outre qu’ils sont remplis de fadaises et de niaiseries que l’on a placées là dans le dessein de rendre le bouquin plus volumineux, ces manuels renferment des textes qui sont loin d’être appréhendés par des élèves du premier cycle, tellement ils font état d’une civilisation qui n’a aucun rapport avec la leur. Pourquoi cherche-t-on à les initier à ce qui se passe dans la lune et au moyen d’y parvenir alors qu’ils ne sont pas encore aptes à comprendre les choses les plus simples ? Pourquoi leur apprend -on les rouages et les mécanismes d’une fusée, choses inutiles qui ne développent nullement leurs facultés créatrices et ne leur facilitent pas l’apprentissage de la langue, du moins dans ce stade préliminaire de leur formation ?

Un manuel de lecture doit, selon moi, être une source intarissable de plaisirs intellectuels et d’instructions profitables ; il doit être aussi une image authentique reflétant un monde en lutte pour la vie, un monde où le civisme, la morale, la joie, la souffrance, le patriotisme se mêlent sans cesse pour créer un climat vivant dans l’esprit de l’enfant. Cette idée n’a jamais été concrétisée dans aucun des manuels que l’on utilise de nos jours. C’est la raison pour laquelle l’enfant n’étant pas nourri des principes vitaux, susceptibles de faire appel sa raison et à son imagination déjà en germe, affiche une sorte de rel chement dans ses manières de vivre et dans son comportement social. C’est donc nous qui avons provoqué, sans le savoir, cette crise morale dont souffre actuellement notre société, c’est notre choix, notre manque de clairvoyance, notre incapacité de voir plus loin, qui a fait que nous subissons un échec évident dans tout ce que nous avons entrepris depuis des années, surtout dans le domaine de l’éducation.

Ainsi comme on le voit, tous les manuels actuels doivent être refaits, en prenant comme critère le choix judicieux des textes et en partant de l’idée de vouloir réellement former de véritables citoyens, capables d’affronter la vie avec tous ses problèmes, des citoyens qui ont un cœur une conscience et non pas des automates, dont l’intelligence est purement factice ce qui est encore plus étrange,c’est que les manuels qui sont conçus et élaborés à l’intention des élèves de section professionnelle ne répondent nullement à leurs besoins, en ce sens que tous les texte ou presque n’étaient pas choisis en fonction des critères techniques, susceptibles de mettre l’enfant, qui se prépare effectivement à un métier actif, dans son milieu professionnel. Aucun texte, que je sache, ne fait état des peines, des déceptions, des joies et réussites du travailleur dans notre société. C’est là une contradiction aberrante, une rupture regrettable, entre ce qu’il apprend à l’atelier et ce qu’il apprend en classe. Il faudrait donc concilier ces deux moyens de formation, qui sont en réalité inséparables, mais qu’une conception erronée a fait que les deux tendances se contredisent de façon évidente.

Il m’est impossible d’évoquer le problème des manuels sans parler de la méthodologie ou l’art, si vous voulez, qui permet à l’enfant de s’approprier avec plus ou moins d’aisance le contenu des cours qu’on lui dispense. Cette méthodologie serait-elle exempte de défauts et d’imperfections ? Après avoir examiné cette question sous tous ses aspects,il me serait loisible de dire, sans toutefois me tromper, que cette méthodologie du moins dans le cadre de l’enseignement du français, présente énormément de lacunes, tant au niveau de ses performances techniques qui sont par ailleurs multiples, que par sa stratégie qui demeure pourtant stérile et inepte, loin de répondre au besoin et à l’évolution des connaissances, pataugeant toujours dans un cercle vicieux, sans issue.

Elle doit par conséquent être réformée et rénovée en vue de pouvoir adapter une nouvelle méthodologie pratique et vivante, apte à assurer l’épanouissement intellectuel de l’enfant. D’ailleurs, la méthodologie actuelle, empruntée dans son intégralité, au système international relatif à la didactique du français comme langue étrangère, n’aurait pas dû être appliquée à notre enseignement qui se veut vivant, progressif, et d’un niveau supérieur. Car si le français est enseigné en tant que langue étrangère dans les pays non francophones et dont la maîtrise n’est pas du tout indispensable, en revanche le français dans notre pays demeure en effet un véritable rival de l’arabe. La concurrence entre les deux langues était des plus acharnées ; ce n’est que de nos jours que, en adoptant et en appliquant un tel système didactique, sans que l’arabisation puisse y être incriminée, le français souffre d’une crise qui va déboucher très bientôt sur une décadence réelle et définitive.

Actualiser les méthodes pédagogiques ou périr !

Ainsi, outre la méthodologie qui est par ailleurs le vrai responsable de ce marasme où patauge l’enseignement du français, dont la connaissance ni l’utilisation ne sont plus guère obligatoires, les jeunes n’étant plus guère intéressés par cette langue, qu’ils trouvent d’ailleurs difficiles et peu malléables, absorbés qu’ils sont par d’autres préoccupations qui ne leur rapportent aucun profit intellectuel, affichant ironiquement une indifférence totale à l’étude et à la lecture. D’un autre côté, les ouvrages en français se font rares et d’un prix parfois exorbitant, ce qui décourage la plupart de ces jeunes qui, même animés d’une bonne volonté d’acquérir la langue, se trouvent dans une impasse du fait de la rareté des ouvrages requis, il n’y a désormais aucun ouvrage usuel, que ce soit de grammaire ou de textes littéraires, dans les vitrines des libraires. N’est ce pas que l’application de la réforme de 75 a provoqué cette disette, cette pénurie qui ne fait, comme je l’ai souligné plus d’une fois, qu’accentuer davantage le mépris pour le français, que l’on trouve d’ailleurs, en raison du caractère inepte de la pédagogie actuelle, fort revêche, abrupt et même extrêmement fastidieux.

N’est-ce pas un recul étrange qui s’opère dans notre système éducationnel ? Il va falloir tout refaire en vue d’instaurer une politique didactique souple, strictement authentique et d’un profond réalisme, afin de pouvoir concrétiser les objectifs prévus touchant l’amélioration rapide du niveau de notre enseignement. Car sans vouloir dramatiser à l’excès le problème , notre système actuel est dans une impasse ; aucun progrès en matière éducationnelle ne saurait se réaliser sans une refonte générale, pour renouveler le contenu des programmes, en adoptant une nouvelle stratégie méthodologique, susceptible de rendre l’enseignement authentiquement réaliste, répondant à souhait à l’esprit et au milieu socio-culturel de la population scolaire.

D’autre part, l’Etat, irrésistiblement séduit par l’essor scientifique accompli jusqu’à nos jours par les pays d’outre mer, et pressé par conséquent de stimuler les progrès technologiques en opérant une véritable expansion en ce domaine, voulant à tout prix assurer le développement des sciences,y investissant,comme chacun sait, des sommes fabuleuses, délaisse l’essentiel, à savoir la langue, qui est l’instrument fondamental dans l’acquisition des sciences. Car comment pourrait-on assimiler la technologie ou les sciences sans une maîtrise préalable de la langue, véritable clef de tous les domaines ?

C’est ainsi que la stimulation tend à se limiter aux domaines scientifiques (de nombreux ouvrages et manuels parfois luxueusement illustrés faisant état de ces domaines sont largement vulgarisés à travers le pays) tandis qu’on néglige totalement tout ce qui relève de la langue et de son acquisition. Ce qui a permis à la masse scolaire d’épouser instinctivement une telle attitude, puisqu’elle correspond en effet à la politique d’enseignement actuelle.
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Le français ou tout autre langue doit être encouragé et stimulé à fond en lui attribuant une place dominante dans l’ensemble des études, gr ce à une planification rigoureuse et rationnelle, si l’on veut vraiment explorer et connaître réellement l’univers de la technologie, lequel par ailleurs évolue presque chaque jour de façon constante.

Ainsi pour atteindre cet objectif vital et s’affranchir aussi bien du sous-développement sous le poids duquel nous gémissons encore que de la pression quasi mystérieuse du monde extérieur, il nous incombe d’agir vite et parallèlement à la maîtrise réelle et profonde de la langue, qui demeure en effet notre arme salvatrice, l’acquisition parfaite du monde de la technologie s’avère pour nous d’une nécessité rigoureusement indispensable, voire impérative.

C’est pour cela que la technologie ne s’acquiert pas aussi facilement,comme on a tendance à croire, c’est un vaste univers dans lequel on est appelé à plonger et à s’y baigner à l’aise, si l’on maîtrise bien cet outil en l’occurrence la langue qui nous y facilite l’accès en toute sécurité.

Alors suivant quels critères pourrait-on désormais procéder à l’élaboration judicieuse d’un programme d’enseignement profitable et riche ? Il faudrait d’abord classer les disciplines par ordre de priorité car toutes les matières enseignées ne bénéficient pas en effet d’une même égalité, ni de la même faveur. Il y en a qui sont plus utiles, plus essentielles que d’autres ; ce sont celles qui permettent de répondre aux besoins de l’économie du pays et en fonction desquelles il serait possible de déterminer les objectifs principaux de la politique éducationnelle de la nation. Il y en a en effet d’autres qui ne contribuent pas de manière immédiate au développement du pays, mais qui sont par contre utiles à la formation de la personnalité culturelle et physique de l’enfant. Oui, des disciplines prioritaires, on n’en manque pas et d’ailleurs ça pourrait exister, bien que cela puisse à première vue paraître bizarre et incompatible avec la réalité ; mais étant donnée la situation dans laquelle nous vivons, nous sommes contraints d’accélérer notre marche en avant en vue d’assurer un avenir prospère à la génération future : une telle besogne, si difficile soit-elle, appartient en premier lieu à l’éducation que l’on préfère progressive, dynamique et profondément enracinée dans notre milieu socio-culturel. La réalisation d’un projet aussi ambitieux mais qui n’est pas du tout utopique nous impose en effet le devoir de concevoir et d’ériger une stratégie éducationnelle dynamique dans le dessein évident d’assurer à chaque enfant la formation et le succès qu’il aurait souhaités.

Le contenu des programmes ainsi que la méthodologie suivie sont les garants immédiats de la réussite finale ; c’est pourquoi l’on ne saurait insister sur la réalisation adéquate et efficace de ces piliers principaux de notre enseignement.

Dr Mohamed Sellam

msellam83@yahoo.com

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