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Bouteflika en bonne santé, Hollande soulagé du mal colonial

Une visite qui retourne les rétroviseurs vers demain

jeudi 20 décembre 2012, par Azouz Benhocine

A chaque fois qu’entre La France et l’Algérie, des responsables tentent de faire tomber les barrières dressées par les passions, la page de la mémoire grince ou refuse de se laisser tourner. Les « Nostalgériques » au nord et les tuteurs historiques au sud, s’érigent en barricades de nationalismes dont les fascismes assombrissent tous lendemains. On s’y plait à mettre du sel sur les plaies.

Dossier : Algérie

Bouteflika est apparu dans et avec une santé radieuse, alors qu’on le donnait convalescent de persistantes souffrances gastronomiques et cancérigènes. Et pour cette vigueur, bien rare au temps où les contestations du « Printemps Arabe » indisposent les vieilles gardes enclines à s’éterniser au pouvoir, il est donné déjà partant pour un quatrième mandat. D’autant que sa succession est posée…

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François Hollande, connaissant Alger pour y avoir séjourné comme stagiaire de l’ENA de France auprès de l’ambassade de France à Alger, vient aussi de montrer une habileté dans l’épineux débat de l’Histoire commune. Tous les présidents français accueillis à Alger n’ont jamais été malmenés. L’impolitesse de siffler et huer la marseillaise est souvent attribuée aux algériens, notamment en France et par le FN "Front National" qui n’hésite pas de coller l’islam ou de parler de conquête migratoire...

Mais à l’occasion du 50ème anniversaire de l’indépendance algérienne, l’actuel locataire de l’Elysée avait bien le boulet vissé à la cheville de sa visite. On le donnait trébuchant, avec la pression de l’extrême-droite aussi bien hexagonale, que celle qui a torturé et censuré poètes et journalistes algériens depuis l’indépendance…

Pourtant avec des projets de partenariats à peine visibles, finalement il a su équilibrer le thème des souffrances algériennes, qu’il avait reconnu. Selon nombreuses opinions, sans la repentance qui alimente la sensibilité des français ayant à fleur de peau la douleur de la perte du transfert de la domination coloniale, Hollande s’est montré très stimulé pour couper l’herbe sous les pieds des droites des deux rives…

Bouteflika a croisé depuis son retour aux affaires, successivement trois présidents français : Chirac, Sarko et maintenant Hollande. La population algérienne peut-être dupée par l’étincelle luisante d’une usine Renault à Oran. Mais elle ressent par ailleurs, de la parade des personnes se relayant par l’alternance au pouvoir français, que les rénovations ne touchent pas leurs institutions qu’incarnent des têtes inchangées. Celles qui font le déficit démocratique flagrant dans un pays enclavé, sans savoir d’où naît l’émergence économique dont rêve la population.

Les mutations générationnelles qui ont touché les deux pays ont travaillé à l’effacement des haines, les paroles qui stationnent sur la ligne de la nuit coloniale sont devenues moins crasseuses. Côté jeunesse algérienne, la perception d’une vigoureuse santé du raïs Boutef relance le débat de la transmission du pouvoir.

Cependant, pour raison de stabilité Bouteflika garde ses chances auprès des étrangers. Aussi bien Washington que Paris ne s’embarrassent pas de son maintien. Mais ils savent aussi que cela ne peut-être sans risques. La colère juvénile conjuguée aux légendaires prédations et mauvaises distributions de la rente de 200 milliards de $ par an, qui fait source de misère non partagée par nombreux, préoccupe.

A moins que Bouteflika continuera, avec ou sans constitution, de gouverner au nom de son passé…

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Voir en ligne : Notre dernier article à la veille de la visite de François Hollande en Algérie. Bouteflika questionné par l’AFP : document l’intégral de l’interview

     
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