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Disparité entre Rudy et Nouredine, deux français inégaux devant la loi : 2 vitesses de traitement d’affaires similaires.

Voilà où peut déboucher le matraquage médiatique, la banalisation de l’islamophobie comme un racisme primaire.

dimanche 10 août 2008, par Djamel Damien Boucheref

Pour l’avocat du jeune homme, ce qui est marquant dans cette affaire, c’est qu’avant « le racisme s’exprimait en fonction de la couleur de peau. Ici, c’est la question de l’appartenance religieuse qui est au centre de l’agression ».

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Quand la France, toutes analystes de sociologie et autorités confondus, se questionne sur les raisons réelles des violences urbaines signées par toutes les communautés banlieusardes, elle ne constate pas les pires plaies et souffrances de ce petit peuple relégué loin des feux de la rampe. Elle ne relève pas les disparités entre les communautés dont la citoyenneté des uns dépasse celle des autres, sources de frustrations et de plaies qui allaitent les séditions des oubliés du ghetto. Les différences de traitement des victimes, pourtant justiciables d’une même république, condensent les colères qui éclatent le jour où une autre goutte vienne déborder les vases en tensions. L’incivilité est bien là où on na la ne diagnostique pas.

Dans l’affaire de Rudy membre d’un gang, ayant participé à des affrontements et sous contrôle judiciaire, qui a été agressé dans le 19ème à Paris le 21 juin, la mobilisation des enquêteurs et des médias a été large et même vive. Après quelques tergiversations la justice a qualifié l’agression de ce jeune de 17 ans d’acte antisémite. Mais pour le cas que je soulève dans ce sujet, un genre de chien sans collier écrasé par un engin sans conducteur reste dans l’indifférence totale. Car il s’agit de Nouredine Rachedi tabassé entre la nuit du 24 au 25 juin, un statisticien de 30 ans ressortissant de Guyancourt, dans les Yvelines. Et son patronyme donne son affiliation.

Ce soir-là Nouredine Rachedi, descendant du train Paris-Saint Quentin avant une heure du matin et coupe par le parc de l’université de Guyancourt pour rentrer chez lui. Il croise deux individus. L’un d’eux avec ton très sec, lui demande une cigarette. Puis le questionne : « s’il est musulman ? » Nouredine répond par l’affirmative. L’agresseur continue « Depuis combien de temps tu es en France ? » Nouredine réplique qu’il y est né et qu’il y a toujours vécu. L’individu lui demande alors ce qu’il pense de la situation en ex-Yougoslavie, quelques jours après l’arrestation de Radovan Karadzic, ex-dirigeant des serbes de Bosnie, accusé notamment d’avoir organisé le massacre de 8 000 musulmans à Srebrenica. Nouredine Rachedi ne comprend pas pourquoi on lui demande ça ? La réponse est claire : « Parce que nous sommes des nazis. » Ils mettent fin à la conversation et le tabassent à deux. Une fois terminé « Ça y est, c’est bon, on se casse ! » , l che l’un des deux individus.

L’agression comporte plusieurs coups de pieds sur l’ensemble du corps et sur la tête. La victime se relève et craignant qu’ils ne reviennent, elle se rend en courant sur le boulevard Beethoven. Et téléphone immédiatement aux pompiers qui la transportent aux urgences. L’unité médico-légale de Versailles lui diagnostique des plaies au cr ne, plusieurs hématomes sur le corps et le visage, et un pneumothorax (déplacement du poumon). Et lui prescrit vingt et un jours d’incapacité temporaire de travail (ITT).

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Le lendemain, le 25 juin, Nouredine dépose plainte auprès du commissariat. La police qualifie l’affaire de « violences volontaires aggravées en réunion ». Gr ce à des photos, Nouredine identifie l’un de ses agresseurs. Trois jours plus tard, il revient au commissariat demander pourquoi le caractère raciste n’a pas été retenu sur sa plainte. La police lui indique qu’il faut en faire la demande auprès du procureur. Est-ce obligatoire ? Cette qualification relève-t-elle uniquement d’une décision de la magistrature ? Nouredine réussit à identifier ses agresseurs sur photos.

Selon son avocat deux hypothèses justifieraient le fait que la police n’ait pas relevé le caractère raciste qui est une circonstance aggravante dans ce type de cas. « Il est possible que la police reste très précautionneuse avant de qualifier un acte de raciste, par peur de porter cette responsabilité. Elle peut également subir une certaine pression, et ne veut pas que les statistiques d’agressions racistes augmentent. »

Devant ce « deux poids, deux mesures », l’agressé trouve écho qu’auprès des cercles communautaires pour se faire entendre. Il reçoit le soutien des Indigènes de la République, association dénonçant le racisme postcolonial. Et choisit de s’exprimer sur un forum de même type.

C’est ainsi que les replis communautaires se multiplient et foisonnent. L’asymétrie entre la relative indifférence qui entoure l’affaire Nouredine Rachedi et le traitement réservé à l’agression, qualifiée d’antisémite par le parquet, du jeune Rudy, n’est pas si difficile à relater.

La voie qui alimente les futurs émeutes des perclus de la citoyenneté républicaine se dessine de cette manière à entendre certains et à mépriser d’autres. Prochainement, à la moindre étincelle il faut s’attendre au feu. L’incivilité de ne pas protéger par une justice impartiale et républicaine tous les français, accorde des largesses pour l’islamophobie devienne institutionnelle. Et dans ce cas, admise par un silence des philosophes et autres médiateurs, elle semble bien structurelle.

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