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Livres sur l’environnement

lundi 23 juin 2008, par evolutionnaire

comment faire la part
des choses ?

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Quand Evolutionnaire m’a demandé si j’avais du temps à consacrer pour un article, ma première question a été ’Quel sujet aborder ?’ Le traitement des eaux ? La pollution des rivières ? Le traitement des déchets ? Les énergies renouvelables ? L’emploi et l’environnement ?

Les sujets en matières environnementales sont innombrables… On trouve aujourd’hui de nombreux articles qui traitent de ce sujet.
En effet, aujourd’hui, de plus en plus de livres dits " grands publics " apparaissent et traitent de façon plus ou moins précise, avec des informations plus ou moins vraies des grands sujets environnementaux… Mais comment faire réellement la part des choses.
On lit tout et n’importe quoi… Même les présentateurs météo s’y mettent !!! Loin de moi l’idée de critiquer Evelyne Délhiat, vu que je n’ai pas lu son livre et que je crois en son implication et son désir de comprendre les choses, mais a-t-elle réellement les compétences et qualifications pour traiter d’un tel sujet ou se sert-elle de sa notoriété pour publier ce que d’autres ont écrit à sa place ? J’aurais probablement la réponse en le lisant… Mais la question reste posée.

Le premier livre que j’ai lu en la matière était ’Mal de Terre’ de Hubert Reeves. Dans mon cursus, lire certains livres était obligatoire et je remercie d’ailleurs cet intervenant qui cherchait à nous ouvrir l’esprit à travers ces lectures. L’auteur dresse, en s’appuyant sur des études scientifiques, un bilan peu prometteur quant à l’avenir de la Terre et par conséquent, quant à celui de l’espèce humaine. En effet, d’après les constats cités dans ce livre, l’homme ne se prépare pas un avenir très glorieux… Je ne listerai pas ici tous les constats effectués. Mais il est clair qu’Hubert Reeves aurait pu (comme beaucoup d’autres d’ailleurs) conclure par cette phrase de Martin Luther King : ’Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons tous mourir comme des idiots...’

Un bémol cependant, Hubert Reeves présente les barrages comme un effort environnemental considérable. Beaucoup d’autres auteurs vont d’ailleurs dans ce sens…

Par la suite j’ai lu deux livres Image hébergée par servimg.comde Nicolas Hulot : Combien de Catastrophes avant d’agir et le Syndrome Titanic… Nicolas Hulot, tout le monde le connaît via ses émissions et ses prises de positions. Il a eu la chance de parcourir le monde de voir réellement de visu les impacts de l’homme, des industries, des guerres… N’ayant à la base pas de formation scientifique, il possède initialement la vision que tout un chacun peut avoir. Mais ses expéditions l’ont forcé à se questionner, à apprendre et à s’entourer de nombreux scientifiques qui peuvent l’aider à étayer son opinion et ses propositions. Alors aujourd’hui beaucoup le critique, en avançant que ses expéditions produisent du dioxyde de carbone… Utilisent des hélicoptères et tout le toutim… Et ceux là que font-ils ? Parce que critiquer c’est assez facile en somme, mais agir que ce soit simplement en informant et sensibiliser le public, ce n’est pas rien !! Qui parmi ceux qui le critiquent, participent et s’investissent dans des associations environnementales ou simplement assistent à certaines réunions publiques ?
Si je ne suis pas d’accord avec certaines choses, comme par exemple sa proposition chlorer les rejets des stations d’épuration, je respecte et admire son implication personnelle.

L’un de ses récents détracteurs est Monsieur Allègre qui a écrit ’Ma vérité sur la planète’… Il a au moins le mérite d’annoncer que ce n’est que SA VERITE A LUI !!! D’emblée le décors est planté !!! Monsieur Allègre est un scientifique reconnu en sciences de la terre. C’est un fait. A-t-il le droit pour autant d’affirmer que, lui, détient la vérité sur la planète et que tout ce que dit Monsieur Hulot n’est qu’inepties ? Ce qui est cocasse c’est qu’il s’appuie sur des exemples montrant que certains modèles mathématiques et certaines réflexions scientifiques peuvent dédire certaines théories auxquelles aujourd’hui pourtant tout le monde adhère (exemple de la dérive des continents, théorie proposée par Wegener) pour annoncer que Monsieur Hulot a forcément tort. Sa plume étant très agréable, en bon scientifique, il ajoute quelques conclusions à différents exemples du style : " il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste pour avoir une bonne idée (…) " " L’homme est capable d’identifier un danger et de prendre des mesures pour le conjurer et ce très vite ; l’atmosphère est un système chimique très complexe qui associe chimie et circulation atmosphérique, et qu’on est loin d’avoir compris. "
Il assène également que " les médias jouent un rôle très négatif… et les scientifiques qui se servent des médias rendent un bien mauvais service à la science… " Là c’est clair, la science aux scientifiques, point barre. Les autres, les non scientifiques n’ont donc pas besoin d’être informé ! Sérieusement à quoi cela servirait de les informer ils ne vont rien comprendre !!!!
On peut dès lors se demander pourquoi cet éminent scientifique s’est abaissé à écrire un livre destiné à tous !!! Qui va pouvoir le comprendre ? Les seuls scientifiques ?
Je tiens à citer quelques unes des actions préventives proposées :
 mise au point par génie génétique des plants résistants à la sécheresse
 renforcer les moyens d’enneigement artificiel pour les sports d’hiver
Eh oui, vivent les OGM ces plantes formidables qui n’ont aucun risque de contaminer d’autres cultures !!! Vivent les canons à neige qui ne gaspillent pas l’eau douce !!

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Vous voyez que les scientifiques et médias sont nuisibles !! Ils ont fomenté un complot anti OGM en faisant peur aux personnes, en leur faisant croire que c’était dangereux !! Heureusement que vous êtes là Monsieur Allègre pour nous ramener vers la seule vérité, la votre. C’est marrant mais quand il explique ce qu’est un OGM il omet certainement volontairement de dire comment on fait pour insérer un gène résistant aux herbicides… Pourquoi ne pas aller au bout de l’information en disant que ce gène est résistant aux antibiotiques ? Il parle de la fameuse réunion d’Asilomar, mais cette réunion n’était elle pas l’œuvre de certains scientifiques qui ne voulaient en aucun cas que les gouvernements ou autres puissent mettre le nez dans leurs affaires ? Les scientifiques qui craignaient et émettaient des réticences fondées ou non en l’état de leurs connaissances n’ont-ils pas été écartés d’Asilomar ? Il va plus loin en affirmant que la dissémination du pollen du maïs OGM ne dépasse pas 200 mètres, et ce même par grand vent… De la part de certains chercheurs j’ai entendu parler d’une distance avoisinant le kilomètre… Qui a tort ? Qui a raison ? Personnellement je n’ai pas la réponse… Mais j’avoue avoir quelques doutes quant à la véracité de certains propos de Monsieur Allègre… Pourquoi ne parle-t-il pas des expériences réalisées sur des rats ou des papillons ?

Dans le livre intitulé " La Guerre Secrète des OGM " écrit par Hervé Kempf, certaines de ces expériences sont décrites. " John Losey a collecté du pollen de maïs Bt et de maïs normal. Il a recueilli une série de chenilles de monarques, et il les a placées dans une cage confortable de son laboratoire (…). Un groupe de larves était nourri de pollen Bt et l’autre de pollen non Bt. Au bout de 4 jours, ce groupe-ci allait très bien, tandis que le second montrait une mortalité de 44%. " Les collègues de ce scientifiques ont ensuite démontré que l’expérience n’était pas valide puisqu’elle ne montrait pas la réalité… Il n’empêche que le maïs Bt est nocif sur d’autres espèces que la pyrale… Le résultat de ces expériences peut faire peur et c’est vrai qu’il y a de quoi… Effectivement, les conditions expérimentales ne reflètent pas la réalité les larves n’ayant été alimentées que par un seul type de pollen… Mais elles prouvent que ce maïs est loin d’être anodin et sans impact sur l’écosystème. Il serait important de ne pas affoler la population, c’est peut être pour cette raison que Monsieur Allègre méprise les médias et les scientifiques qui osent informer…
Quant au fait qu’une plante OGM ne peut contaminer une autre plante non OGM, on sait que c’est faux archi faux même si l’ancien ministre soutient le contraire. Hervé Kempf cite cet exemple. Un agriculteur Canadien se rend compte en pulvérisant du Roundup sur ces champs de Colza que celui-ci est devenu résistant à l’herbicide. Monsanto attaque alors cet agriculteur en affirmant qu’il a planté frauduleusement du colza OGM… Cette firme pour s’assurer que les agriculteurs ne réutilisent pas des graines de Colza OGM l’année d’après pulvérise par hélicoptère du roundup sur les champs. Dommage pour les fraudeurs et ceux qui avait planté du bête colza non résistant… Monsieur Allègre affirme également dans son livre que les OGM sont des hybrides et que par conséquent ils ne peuvent se reproduire… Or dans le livre dont je parle actuellement, il est bien inscrit que Shapiro (qui régnait sur Monsanto) souhaitait que les OGM remplacent les hybrides. On sait que les ’enfants des hybrides’ ne sont pas productifs et pour cette raison, les agriculteurs achetaient chaque année les nouvelles semences… Mais il y a un problème, les OGM NE SONT PAS DES HYBRIDES. Et cela peut engendrer de fortes pertes économiques pour Monsanto…

A contrario, Jean de Kervasdoué, auteur du récent ouvrage ’Les Prêcheurs de l’Apocalypse - Pour en finir avec les délires sanitaires et écologiques’ se positionne pour les OGM. D’après lui, les plantes issues du génie génétique sont plus étudiées et donc vraisemblablement moins dangereuses que d’autres plantes naturelles dont certaines sont peu ou pas connues. Il cite notamment un exemple : Selon les actes de l’Académie des sciences des Etats-Unis, il a été possible de transférer au riz un vaccin du choléra. Ainsi, des souris auxquelles on avait injecté la toxine du choléra, mais qui s’étaient également nourries de cette plante transgénique, n’ont pas été malades. Cela peut effectivement donner de grands espoirs et encourager les OGM. Monsieur de Kervasdoué étant un médecin reconnu de santé publique il est parfaitement normal qu’il encourage ce type de recherche et de progrès.

Comme Allègre, il remet en cause le sacro-saint principe de précaution. Et somme toutes, son argumentation tient parfaitement la route. On ne peut prévoir l’imprévisible…

Abordons maintenant un autre sujet qui me tient particulièrement à cœur : l’eau.
Je vais commencer avec mon ami scientifique Monsieur Allègre. On a déjà vu qu’il prônait les canons à neige pour le maintien économique des stations de ski. Voici les chiffres de consommation qu’il évoque :
 pour un américain : 730 litres par jour
 pour un européen : 430 litres par jour
 pour un africain : 128 litres par jour

Bizarrement il ne cite pas ses sources. Les miennes viennent des cours que j’ai reçus à l’université. Voici les chiffres :
 Etats-Unis : 400-500 litres par jour
 Europe : 150-200 litres par jour (c’est d’ailleurs ces chiffres qu’on utilise en France pour dimensionner les stations d’épuration et la notion d’équivalent habitants)
 Burkina Faso : 5-15 litres par jour (ici on est loin des 150 litres annoncés par Monsieur Allègre)

Il affirme que les industries rejettent systématiquement une eau propre… Ayant vu et analysé certains rejets industriels cette affirmation me fait bien rigoler !!!
Et il finit par se demander si un jour peut être nous aurons des guerres dues à l’accès à l’eau… Quelle hypocrisie !!! C’est déjà le cas. L’exemple le plus connu étant celui de la région d’Israël… C’est d’ailleurs ce qu’évoque Roger Cans dans son livre intitulé ’La Ruée vers l’eau’. Un second également (Quand meurent les Grands Fleuves de Fred Pearce) aborde ce sujet complexe : la maîtrise de l’eau dans la région d’Israël. Un autre livre va également dans le même sens (même si on s’en doutait déjà) : ’Guerre et Environnement - Panorama des paysages et des écosystèmes bouleversés’ de Claude Marie Vadrot. Il est clairement établi qu’Israël s’assure le contrôle du ch teau d’eau du Golan depuis la Guerre des Six Jours. Cette occupation s’est par la suite transformée en annexion depuis 1981. Je ne vais pas m’éterniser sur la question, vous avez les clefs pour vous faire votre opinion. Mais je conseille vivement ce dernier livre qui traite des impacts des guerres de façon générale : pollution de l’eau, accès à l’eau, trafic d’animaux, déforestation… On obtient ainsi une vision d’ensemble des massacres et des dég ts qui peuvent se faire… Et également des drames sur les populations locales…

Mais revenons à nos moutons !
Monsieur Allègre fait trois propositions écologiques finales. Je ne citerai que celles concernant l’eau et la gestion des fleuves :
" Engager un programme de grands travaux d’aménagement ayant pour objectif l’eau : désensablement des rivières et des fleuves, et récupérations des sables pour la construction, aménagement des systèmes de réalimentation des aquifères, constructions de barrages de régulation sur les rivières d’amont des grands fleuves, etc. " Il faut également savoir que Monsieur Allègre vante la Gestion des fleuves faites par la Chine. Nous allons voir ici comment d’autres lectures permettent de mettre fortement en doute les bienfaits de la gestion chinoise en matière environnementale. Déjà dire qu’un barrage est bénéfique pour l’environnement c’est une ineptie. Non un barrage est presque tout sauf bénéfique. Bon d’accord il permet de produire l’électricité, de participer au développement économique local et éventuellement de réduire l’impact des crues de certains fleuves. Mais sur l’écosystème c’est réellement une catastrophe. D’abord c’est un obstacle infranchissable pour les espèces migratoires (saumons, aloses, lamproies, esturgeons, anguilles, truites…). Certains barrages sont effectivement équipés de passes à poissons qui permettent la montaison. Pour la dévalaison que les poissons se débrouillent !!! Mais d’autres sont infranchissables, Argentat, l’Aigle, Bort les Orgues, pour en citer quelques uns… Le milieu aval et amont sont modifiés par l’implantation d’un barrage tout d’abord (création d’une zone de retenue et par conséquent création d’une zone de sédimentation) et ensuite par son exploitation du fait des marnages. Ainsi certaines frayères ont tout d’abord été détruites… Mais ensuite du fait des marnages certaines espèces retrouvent leurs œufs hors de l’eau… Ou noyés… Donc d’un point de vue strictement environnemental, un barrage n’est absolument pas une bonne chose.
Venons en maintenant à la superbe gestion chinoise en la matière. Tout le monde connaît ou a pour le moins entendu parler du barrage pharaonique des Trois Gorges… Pour vous convaincre de l’absurdité de ce qu’avance Monsieur Allègre, je vais m’appuyer sur un autre livre : ’Quand meurent les grands Fleuves’ de Fred Pearce. En 1938, au plus fort de la guerre sino-japonaise, les généraux de l’état major chinois décident d’un acte de guerre dévastateur. Afin de repousser l’invasion japonaise, ils ouvrirent des brèches dans la digue du Fleuve Jaune. Bilan une gigantesque et fabuleuse inondation par laquelle 890 000 chinois (chiffres estimés par les historiens) furent les victimes. Le Fleuve Jaune modifia alors son cours naturel pour rejoindre l’océan à près de 700 kilomètres au Sud de son embouchure habituelle. Il passa plus de 10 ans loin de son lit originel. Actuellement, c’est plutôt son tarissement qui inquiète. Les systèmes d’irrigations engloutissent l’essentiel des eaux du fleuve. La Chine peut ainsi cultiver blé et maïs... Et ce même dans des zones arides initialement… Belle gestion effectivement… Détourner l’eau vers des terres arides… Par contre dans des régions où les rendements de productions pourraient être bien meilleurs, c’est dommage il ne reste plus d’eau à détourner… J’admets pour leur défense que le gouvernement chinois a depuis mis en place un système qui permet de " réguler " le débit du Fleuve Jaune. Enfin " réguler " est un terme un peu fort, disons que ce système permet d’éviter le tarissement total du Fleuve… Mais le filet d’eau qui arrive désormais à la mer est quantité négligeable.
Enfin pour contenir le Fleuve, des digues ont été érigées et ce depuis longtemps… Mais il y a moins en moins de crues… Celles-ci sont " contrôlées " par des séries de barrages et également par le détournement des eaux pour l’irrigation. Les limons charriés par le Fleuve ne se dispersent plus sur les plaines, et s’accumulent dans les retenues. De ce fait, le Fleuve Jaune devient un " Fleuve suspendu ". Au début des années 1990, le lit du Fleuve s’élevait de 10 centimètres par an, soit 1 mètre tous les 10 ans. Il est vrai que les Ingénieurs en charge de la gestion des barrages tentent de lutter contre l’accumulation des limons et de les évacuer. Des tentatives plutôt concluantes ont déjà eu lieu… Mais les limons continuent pourtant de s’accumuler, les digues s’érodent… La gestion hydraulique chinoise si précieuse à Monsieur Allègre risque fort de provoquer une catastrophe encore plus mortelle que celle de 1938…

Je pourrais citer encore maints exemples montrant les différences trouvées entre plusieurs ouvrages sensés traiter d’un même sujet. Vous allez me dire que je me suis surtout attachée à démonter les arguments de Monsieur Allègre. Effectivement, mais c’est peut être parce que j’estime (cela n’engagera que moi) qu’un lecteur non averti qui se contente de lire son ouvrage aura une vision faussée de la réalité. A chacun de se forger sa propre opinion… Mais il est indispensable de lire plusieurs ouvrages traitant d’un même thème pour avoir une vision globale et essayer ainsi de mieux comprendre les problèmes environnementaux.
Le principe d’information et de participation du public est inscrit dans la convention de Rio. Qu’en est il des nombreux ouvrages sur l’environnement ? Information ou désinformation ? Aux lecteurs de faire la part des choses…
Charlotte B
De http://evolutionnaire.free.fr/livressurlenvironnement.php

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