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APS -Algérie Presse Service- fête ses 50 ans

A l’heure du décloisonnement universel de la communication, l’institution étatique peut-elle, avec l’impératif d’impartialité, rester sur son langage laconique ?

lundi 28 novembre 2011, par N.E. Tatem

Il y a un demi-siècle, le 1er décembre 1961, l’APS (Algérie Presse Service) est née. Soit à quelques mois de l’indépendance du 5 juillet 1962, qui a été précédé par le cessez-le-feu du 19 mars conclu lors des historiques « accords d’Evian ». Ces derniers attendaient d’être expliqués, dans leur version algérienne, pour les opinions qui les suivaient avec forts intéressements. L’agence fut lancée à Tunis et une douzaine de journalistes, dont quatre femmes, ont été ses premiers rédacteurs. Puis les bureaux se sont déplacés à la Casbah, haut lieu de la bataille d’Alger, dès les premières heures de la libération.

Cette naissance avait un corps et un contenu réduit. Soit la diffusion souvent quotidienne d’un bulletin de 10 à 15 feuillets ronéotypés. Bien tardive, la venue au monde de l’agence officielle algérienne de presse dans une guerre d’indépendance qui a acquis le qualifiant d’être une vraie révolution. L’APS s’est inscrite au service l’identité algérienne, vivant sous le joug colonial et afin de mettre, cette personnalité algérienne, en orbite parmi celles des autres peuples du Monde. Notons que nombreux journalistes étrangers majoritairement occidentaux, encore anonymes, ont contribué a la constitution de la matière de l’APS de l’époque. Ils étaient surnommés "Les porteurs de l’information".

Baya Hachemi, l’une des 4 femmes journalistes lors de la création de l’APS

Il appartenait aux décideurs qui ont dirigé le combat pour la couverture de la souveraineté nationale, de prendre l’initiative. La ligne éditoriale, lors de ces débuts tenait compte, des intérêts algériens, dans le traitement des faits déjà rendus publics par d’autres agences et presses. Aussi l’APS servit aux avertissements lancés en direction de la France coloniale. Faisant ainsi l’organe des combattants de la libération.

Fondée sur l’action collective et massive d’une population, la révolution algérienne s’est ouverte à cette arrivée, en dernière heure, de l’APS comme institution interprétant les faits du côté insurgés. Les sources essentielles des informations apportées par l’APS étaient le GPRA, le MALG et l’état-major de l’Armée de libération nationale (ALN) ainsi que des correspondants particuliers et de rares journalistes qui étaient sur le terrain. Le retard de cet avènement peut s’expliquer par deux raisons essentielles.

1- La logistique qu’exige un tel projet manquait cruellement de moyens. Dès lors que les décideurs donnaient priorité à la t che historique de la guerre prenant toutes les capacités, souvent créées à partir du néant, par une direction jalouse de sa cohésion et de ne pas laisser échapper d’autres interférences ou injonctions. Et surtout les leaders gardaient mainmise à parler eux-mêmes et sans partage de la direction de l’ensemble des appareils et opérations.

Nous n’en sommes pas à la réalité des révolutions qui donnaient, aux écrits et aux idées. L’endroit aux postulats qui ne relèvent pas des responsables directs, tradition qui a inéluctablement débouché sur le système à idéologie monolithique qui ne s’embarrasse pas de critiques même les plus correctives.

2- Le second point qui suscite plus d’un questionnement, est l’origine de l’hésitation à mettre en place un tel outil ? Pourtant et malgré les fortes délégations diplomatiques du FLN historique, où le rôle de l’information n’a pas été appréciée à sa juste vaillance. Pour mener une révolution distinguant aussi l’outil intellectuel, voire doctrinaire et théorique comme principal sentier aux notions patriotiques, ce moyen a été quelque peu ignoré. Aux luttes agencées selon la combinaison de l’action et son élaboration conceptuelle, l’information a une place primordiale. Mais...

Pierre Chaulet, l’un des incontournables animateurs lors de la naissance de l’APS

Dans le contexte où l’ preté du combat de décolonisation porté par un peuple désarmé face à une puissance mondiale, la révolution algérienne qui tablait sur l’essentiel de son action libératrice "à savoir les faits d’armes", existait comme même et cependant une radio et l’organe de presse écrite « El-Moudjahid ». Ce qui est un éventail bien maigre par rapport à l’ampleur des batailles militarisées et des violences qui ne pouvaient soustraire à un programme d’actions armées. D’emblée, il faut noter que la télévision était embryonnaire au niveau mondial et que le travail du 7è art, existant, se devait à de braves initiatives de personnes des deux communautés française et algérienne.

Bien sûr côté algérien l’information orale, via des réseaux clandestins avérés, a joué un rôle primordial, malgré son caractère aléatoire. Ce fut une exigence de contournement des grands moyens dont disposait l’occupant. Cette -Radio-Arabe- qui n’est pas le péjoratif réduit à la rumeur, était nécessaire pour dépasser les appréhensions externes au FLN libérateur. Ainsi l’avidité du monde entier en matière d’actualités à l’époque de la guerre a été assouvie par les agences étrangères, dont nombreuses vacillaient entre désigner les combattants entre terroristes ou combattants. Et au sein desquelles l’honnêteté de nombreux journalistes a joué un rôle prépondérant pour faire éclater la vérité, selon l’interprétation algérienne.

A l’occasion de ce cinquantenaire de l’APS un colloque, qui se caractérise plus d’être une rencontre commémorative, a été organisée au Palais de la Culture Moufdi-Zakaria. Avec la participation des experts en communication, dont peu de noms ont été révélés, le rappel de cette mémoire du journalisme national reste sur l’approche festive. Une exposition de photos, équipements et documents retraçant l’histoire de l’APS depuis sa création, sont aussi accessibles au public au palais de la culture.

NOUS AVONS CHOISI CETTE SEQUENCE VIDEO SUR LE FAIT du bombardement du village tunisien de Sakiet Sidi-Youcef TUNISIE, pays où a vu le jour l’APS


Commémoration du 50e Anniversaire (Algerie -... par scorpion-rouge35

Tandis que les deux principaux thèmes qui ressortent de ce colloque, comme réunion où interviennent les acteurs du passé, dont l’Algérie en raffole sans arrêts par la gr ce d’un capital mémoriel riche et contemporain, sont : l’historique de l’agence (pour le passé) et l’information en ligne (concernant l’avenir). Une pratique largement suivie en Algérie en matière de méditations sur l’Histoire encore vivante, et combien instrumentalisée pour blanchir le régime en place des médiocrités et carences à libérer la parole. Le premier volet domine le second !

En ce troisième millénaire, l’époque des nouvelles technologies de l’information et de la communication, dont ne s’en passent pas la diffusion de l’information et l’analyse de l’actualité, obligent à appréhender aussi bien d’une manière substantielle que cohérente, l’exercice du journalisme. Alors que préside la déontologie d’impartialité toutes les dépêches sortant actuellement de cette agence, la rétention amoindrit banalement les contenus. Cette rétention est motivée par les risques de déstabilisation du régime en place, ainsi que des institutions sociétales qui ne suscitent pas grande confiance ni parmi les algériens et encore moins des attentions étrangères. Le dubitatif sert la gouvernance qui a sous sa coupe les affaires du pays.

Rédha Malek l’un des journalistes de l’APS lors de sa création.

Rendant plus laconiques, la matière vouée à clarifier l’actualité et à lier les auditions en attente d’informations, une garde qui appauvrit l’information. Le privant donc de l’argument qui naît de l’observation exacte des faits, ceci relève principalement de l’héritage historique. Et le doute, en l’exposé qui sort du giron du pouvoir, s’apparente à un retard de la pratique démocratique. Quand même le journalisme connait une certaine liberté de ton dans la presse privée algérienne, l’APS reste assez sèche. Tandis que la nouvelle presse, née après 1988, ne démissionne pas d’informer autrement le monde et la population du pays, que l’APS et les organes gouvernementaux.

L’Algérie s’apprête à débloquer la création de nouvelles chaînes TV privée, après un quart de siècle de la révolte du 5 octobre. Cette date "octobre 88" délivra l’expression de l’emprise des sbires de la légitimité historique monopolisant les centres de décision. Comme elle tenta de réhabiliter les relents d’une société civile, en limitant les brimades quasi quotidiennes auxquelles sont soumises les sphères nécessaires à l’équilibre social. Mais totalement réduites dans l’enfermement ultranationaliste où la religion justifiée de traditions occultes et d’un islamisme qui va sur son officialisation, l’expression algérienne reste à émanciper.

Apportent leurs témoignages, lors de ce colloque, du demi-siècle de l’APS, MM. Réda Malek et Pierre Chaulet ainsi que madame Baya Hachemi. Ils interviendront de leurs témoignages sur les conditions de la naissance et du parcours de l’APS. Des engagements qui parleront encore de gloire… de la geste libératrice revenant au peuple dont les nouvelles générations rêvent encore d’un plus de libertés !

Hitorique :

1er décembre 1961 : Création à Tunis, durant la Guerre de libération nationale, par le Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra). La diffusion est assurée par des bulletins ronéotés. Le ministre de l’Information était, à l’époque, M’Hamed Yazid, et son premier responsable, Messaoudi Zitouni.

Juillet 1962 : L’Aps s’installe à la Casbah d’Alger puis dans des locaux au Boulevard du Télemly (Aéro-Habitat)

1er avril 1963 : L’Aps fonctionne télégraphiquement et commence à constituer son réseau national. Elle se connecte avec les agences de presse internationales. Elle est dotée d’un statut d’entreprise publique à caractère industriel et commercial (EPIC), statut qu’elle conservera jusqu’à aujourd’hui, mmis à part un court intermède de 6 années devenue établissement public à caractère économique à vocation socio-culturelle, ce qui, en fait, ne changeait pas grand-chose à la réalité de la gestion.

Elle déménagera ensuite au Bd Che Guevara.

19 novembre 1985 : L’agence devient un établissement public à caractère économique à vocation socio-culturelle

20 avril 1991 : L’agence redevient Epic (prérogatives de service public)

Janvier 1993 : L’Aps s’installe à Kouba après avoir occupé un immeuble situé à Alger-centre (Boulevard Che Guevara)

1er janvier 1994 : Installation du premier système rédactionnel informatisé

25 avril 1995 : Diffusion automatique des informations

18 février 1998 : Inauguration du site Internet après une période d’hébergement des pages web au Cerist

5 juillet 1998 : Lancement des pages web en langue arabe et du produit Aps on line

1er décembre 2004 : Inauguration , par le Président de la République, du nouveau siège à Bir Mourad Rais (Ravin de la femme sauvage) (7 000 m2, 10 niveaux)

L’Aps compte, en 2010, produit 100 000 mots/jour, soit 500 dépêches (en français et en arabe, pour 50% environ pour chaque langue)

Directeurs généraux successifs :

Zitouni Messaoudi (en Tunisie),

M’Hamed Ben Mehal (1962-1965),

Mohamed Bouzid (1965-1967),

Skander Nourredine (1967-1974),

Cha bane Mohamed (intérim en 1974),

Mohamed Brahimi El Mili (1974-1977),

Benyoucef Baba Ali (1978-1979),

Mohand Belaid Oussaid(1979-1981),

Mohamed Merzoug (1981-1984),

Mohamed Benzeghiba (intérim en 1984),

Ahcène-Djaballah Belkacem (1985-1990),

Mohammed Hamdi (1990-1991),

Mohamed Merzoug -Retour- (1991-1992),

Hamid Kacha ( 1992),

Mohamed Saloua ( intérim 1993),

Talmat Amor-Ali (1994-1997),

Laid Bici (1997),

Abdelmalek Ainouche (1998),

Badredine Mili (1998-1999),

Laid Bici (intérim 1999),

Nacer Mehal (1999- 28 mai 2010),

El Hadi Benyekhlef (intérim depuis juin 2010),

Hamid Kacha (lundi 13 décembre 2010 - ....)

Notes :

Bureaux à l’étranger fin 2010 : Washington, Moscou, Paris, Londres, Bruxelles, Rome, Madrid, Le Caire, Rabat, Tunis, Amman, Dakar.

 L’APS a , depuis le 29 mai 2007 (arrêté ministériel) un Conseil d’administration.

 Depuis 2009, l’APS a réorganisé ses bureaux régionaux en les faisant chapeauter par des directions régionales (Constantine pour la région Est en février 2009, Oran pour la région Ouest en avril 2009, Ouargla pour le Sud en 2008...et , depuis le 23 décembre 2009 , Blida pour la région Centre (dix wilayas rattachées). A noter que l’effectif global de l’APS est de 450 personnes dont 200 journalistes répartis sur 48 bureaux de wilaya.

 A noter que l’Agence de presse a relancé son service photos depuis le milieu des années (l’Agence photographique de presse , API, une EPIC, , issue d’une restructuratuin menée à la fin des années 80) ayant disparu , dissoute au début des années 90, et ses archives , héritées de l’APS ou nouvelles transmises au Centre nationale de presse documentation de presse et d’information (CNDPI).

Le service photos de l’APS comprenait une trentaine de photographes

 L’Agence était, aussi, fameuse , durant les années 60 et 70, par son Bulletin économique, créée au milieu des années soixante puis à partir du milieu des années 80 par ses revues mensuelles qui reprenaient le meilleur des "fils", et qui figuraient parmi les premiers titres agréés dans le cadre de la loi d’avril 90 relative à l’information. Titres : Economie, Culture et Sociétés, Politique,Développement et Wilayate.

 L’Agence a eu , aussi,durant la fin des années 80 et les années 90, un "fil" économique.

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